L'actualité mondiale Un regard humain

Afghanistan : la lutte anti-corruption commence à porter ses fruits, selon l'ONU

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, en juin 2017. Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, en juin 2017. Photo ONU/Eskinder Debebe

Afghanistan : la lutte anti-corruption commence à porter ses fruits, selon l'ONU

A l'approche du troisième anniversaire du gouvernement d'unité nationale afghan, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, a estimé lundi devant le Conseil de sécurité que le pays faisait face à des défis persistants, mais aussi à des « opportunités d'engagement politique en faveur de la paix ».

M. Yamamoto a commencé par attirer l'attention des membres du Conseil sur certains domaines où des progrès ont été accomplis en dépit de défis sécuritaires persistants. « Si les réformes sont consolidées, elles cimenteront de manière significative la fondation d'un État afghan autosuffisant », a-t-il déclaré, en se félicitant à cet égard de la bonne relation entre le Président Ashraf Ghani et le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah.

Ainsi, les efforts du gouvernement pour s'attaquer à la corruption ont commencé à porter leurs fruits, en particulier celui, considérable, mené par le Centre de la justice anticorruption, qui a achevé l'examen de 21 affaires complexes impliquant de hauts responsables gouvernementaux et de 14 appels.

Le Représentant spécial a annoncé que des dirigeants afghans se réuniront à Kaboul le 5 octobre, un an jour pour jour après la Conférence de Bruxelles, pour examiner les progrès accomplis depuis, en vue de démontrer aux bailleurs de fonds internationaux que les programmes de développement et le train de réformes se traduisent par des changements concrets dans la vie de la population.

Celui qui est également chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a également noté les progrès dans l'organisation des élections législatives et des élections des conseils de district qui se tiendraient le 7 juillet 2018. Il a ainsi salué le travail de la Commission électorale indépendante, qui a mené à bien son évaluation des bureaux de vote dans plus de 90% des districts. « La prochaine étape est l'inscription sur les listes électorales. Il est impératif d'organiser ces scrutins dans les délais impartis », a souligné M. Yamamoto.

Devant le scepticisme de certaines parties prenantes, la Commission doit donc sensibiliser davantage et donner l'assurance d'une plus grande transparence, a-t-il plaidé, en insistant sur l'importance de « ne pas répéter » l'élection de 2014.

L'annonce de ce calendrier électoral a déclenché la formation de nouvelles coalitions politiques, lesquelles rassemblent au-delà des « lignes » habituelles, a observé le haut fonctionnaire onusien, pour qui elles sont susceptibles de promouvoir des actions pouvant porter atteinte à l'ordre constitutionnel et alimenter les divisions géographiques et ethniques.

La situation sécuritaire en Afghanistan continue d'être une source de préoccupation majeure, a poursuivi le Représentant spécial, qui s'est alarmé des activités de Daech dans le nord du pays et à Kaboul.

Par ailleurs, si les forces afghanes envisagent de pouvoir être en mesure d'infliger des revers aux Talibans d'ici 2020, cela signifie aussi, a-t-il dit, que des dizaines de milliers d'Afghans auront été tués dans l'intervalle.

« Honnêtement, les efforts déployés ces dernières années ne se seront traduits que par peu des progrès », a reconnu M. Yamamoto, qui s'est toutefois félicité de l'annonce, en août, par Washington, du maintien d'une présence américaine dans le pays.

En outre, un certain nombre de pays de la région continuent de cultiver leur engagement en faveur de la paix. Le chef de MANUA s'est dit convaincu de la possibilité d'un règlement pacifique du conflit, appelant les pays voisins à réévaluer leurs intérêts stratégiques et à redonner de l'élan à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes.

M. Yamamoto s'est par ailleurs inquiété du coût potentiel qu'occasionnerait une érosion des gains obtenus en matière de droits de l'homme. Il a noté que la criminalisation des actes de violence perpétrés contre les femmes et les filles, « toujours répandus », figure dans un décret que le Parlement doit encore adopter.

Le Représentant spécial a encouragé le gouvernement afghan à approuver officiellement la politique nationale de prévention et d'atténuation des pertes civiles.

En conclusion, M. Yamamoto a indiqué aux membres du Conseil que la MANUA a commencé à planifier la reconfiguration de sa structure et de son personnel de sorte que son budget pour 2018 soit conforme aux recommandations issues de l'examen stratégique de la mission politique onusienne, ce qui se traduira par des « coupes » significatives. Il s'est toutefois dit confiant que la Mission sera en mesure de s'acquitter de son mandat auprès de la population afghane.