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Face aux Etats-Unis, la Corée du Nord estime qu'il faut répondre à la force par la force

Ri Yong Ho, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, lors du débat général de la 72ème session de l'Assemblée générale.
ONU/Cia Pak
Ri Yong Ho, Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, lors du débat général de la 72ème session de l'Assemblée générale.

Face aux Etats-Unis, la Corée du Nord estime qu'il faut répondre à la force par la force

Devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire de Corée (RPDC), Ri Yong Ho, a répondu samedi à la déclaration faite par le Président des États-Unis lors du premier jour du débat général, estimant que ce dernier avait prononcé à l'encontre de son pays des paroles « imprudentes et violentes ».

L'attitude belliqueuse des États-Unis est à l'origine de la volonté de son pays de se doter de l'arme nucléaire, a expliqué M. Ri, pour qui « il faut répondre à la force par la force ».

Après avoir fait de la Maison-Blanche un « lieu bruyant de marchandages » durant les huit premiers mois de sa présidence, M. Trump tente désormais de faire de l'ONU une « enceinte de gangsters », a affirmé le Ministre. Qualifiant le Président américain de « personne dérangée et mégalomane », M. Ri a accusé M. Trump d'être « la plus grande menace actuelle à la paix et la sécurité internationales ».

En employant dans son discours à propos du dirigeant nord-coréen le terme de « rocket » (« missile »), M. Trump a tenté d'offenser la « dignité suprême » de son pays, a poursuivi M. Ri. « Ce faisant, il a commis une erreur, rendant encore plus inévitable la visite de nos missiles sur l'intégralité du territoire continental américain », a-t-il menacé.

Aux yeux du Ministre, M. Trump s'est donc lancé dans une « mission suicide » qui pourrait coûter la vie à de nombreuses victimes américaines innocentes. « Nous allons faire en sorte qu'il paye le prix de ses paroles au-delà même de ce qu'il peut imaginer », a mis en garde M. Ri.

« Nous n'avons pas besoin que notre statut d'État nucléaire soit reconnu par qui que ce soit »

Le chef de la diplomatie nord-coréenne a par ailleurs dénoncé l'application de sanctions « sévères » contre la RPDC, qu'il a qualifiée de « victime tentant de défendre sa dignité nationale » contre les menaces proférées par les États-Unis, premier pays, a-t-il rappelé, à avoir eu recours aux armes nucléaires.

Le Ministre a ajouté que son pays était sur le point de parachever son programme nucléaire. Une fois fait, a-t-il affirmé, les États-Unis et leurs alliés y « réfléchiront à deux fois » avant de tenter d'intimider militairement son pays. « Nous n'avons pas besoin que notre statut d'État nucléaire soit reconnu par qui que ce soit », a-t-il affirmé, déclarant que son pays était, de toute façon, une puissance nucléaire.

Néanmoins, c'est uniquement à des fins dissuasives que la RPDC possède des armes nucléaires, a poursuivi M. Ri, avant d'ajouter que, contrairement à d'autres puissances, Pyongyang avait toujours rendu public son programme nucléaire.

« Nous sommes un État nucléaire responsable »,

Par ailleurs, le Ministre a insisté sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité. À l'heure actuelle, a-t-il dit, le Conseil est un instrument destiné uniquement à « servir les intérêts de ses membres permanents ». Selon M. Ri, l'absence de progrès sur la voie de cette réforme du Conseil démontre à quel point ces membres permanents sont « obsédés par la préservation de leurs prérogatives anachroniques ». Par exemple, a-t-il dit, le droit de veto fait du Conseil une instance « antidémocratique ».

Partant de ce constat, le Ministre a estimé que les résolutions adoptées par le Conseil à l'encontre de la Corée du Nord étaient « injustes » et « illégales » du point de vue du droit international et du principe de la souveraineté des États. « La conduite d'essais nucléaires relève en effet de la souveraineté nationale, étant donné que le Traité sur l'interdiction des essais nucléaires n'est pas entré en vigueur », a-t-il affirmé.

Aux yeux de M. Ri, les « résolutions deux poids, deux mesures » du Conseil sont le fruit d'une « conspiration » orchestrée par les États-Unis, qui, eux, ne se privent de faire usage de la menace nucléaire. Selon le Ministre, les accusations des États-Unis consistant à dépeindre la RPDC comme une « menace globale » n'ont pas plus de crédibilité que celles qu'ils avaient prononcées contre l'Irak il y a quelques années pour justifier l'invasion du pays.

« Nous sommes un État nucléaire responsable », a affirmé M. Ri, avant de répéter que son pays prenait simplement des mesures défensives pour se prémunir d'une attaque américaine. « Nous n'avons pas l'intention de menacer les pays qui ne s'associeront pas aux États-Unis », a-t-il ajouté.