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Des experts de l'ONU dénoncent les abus des mercenaires en Centrafrique

Dans la préfecture de Haute Kotto, en République centrafricaine, des personnes déplacées du site de PK3. Photo OCHA/Yaye N. Sene
Dans la préfecture de Haute Kotto, en République centrafricaine, des personnes déplacées du site de PK3. Photo OCHA/Yaye N. Sene

Des experts de l'ONU dénoncent les abus des mercenaires en Centrafrique

Les menaces posées par le mercenariat en République centrafricaine n'ont pas diminué, a prévenu mercredi le Groupe de travail sur l'utilisation de mercenaires dans un rapport présenté devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève.

Lors des derniers affrontements, et encore à ce jour, les groupes armés composés de mercenaires et de combattants étrangers ont commis nombre de violations des droits de l'homme à l'encontre de la population civile en République centrafricaine. C'est l'une des conclusions du rapport qui note que ces mercenaires « viennent essentiellement des pays voisins ».

Selon le Président-Rapporteur de ce groupe de travail, Gabor Rona, les frontières poreuses entre la République centrafricaine et les pays voisins ont facilité l'entrée d'éléments armés étrangers.

Pour les experts onusiens, certains sont restés dans le pays et ont profité de la fragilité de la situation sécuritaire pour mener des activités criminelles, notamment en imposant des impôts illégaux aux populations locales. « Les gains pécuniaires, qui constituent l'élément le plus important du mercenariat, sont une motivation essentielle pour la majorité de ces acteurs armés », a fait remarquer M. Rona.

Le Groupe de travail indique également avoir reçu des informations selon lesquelles « des mercenaires et des combattants étrangers ont commis des meurtres, des actes de torture, des crimes sexuels, des pillages et des destructions de propriétés privées ». Ils ont aussi commis des enlèvements et réduit en esclavage des Centrafricains. Ils sont accusés de détention arbitraire et de recrutement d'enfants soldats. « Les effets déstabilisateurs des mercenaires menacent aussi gravement le droit à l'autodétermination du peuple centrafricain », avertit Gabor Rona.

Par ailleurs, le rapport présenté au Conseil des droits de l'homme avertit que « tant que les ressources naturelles de la République centrafricaine, telles que l'or, l'uranium et le pétrole, continueront d'attirer des éléments étrangers souhaitant les exploiter illégalement, il est essentiel que le gouvernement centrafricain mette en place un système efficace de gestion de ces ressources ».

De façon générale, le document des experts indépendants de l'ONU rappelle que les activités des mercenaires et des combattants étrangers demeurent un défi de taille pour la stabilité de la République centrafricaine. « Il y a un besoin crucial d'adopter des mesures pour combattre l'activité de ces acteurs, de mettre fin à l'impunité et de renforcer les efforts visant à faciliter la consolidation de la paix, la réconciliation, ainsi que le développement dans le pays ». A cet égard, les experts onusiens encouragent les forces internationales et les forces de sécurité nationale à répondre de manière plus proactive aux menaces auxquelles font face les civils, y compris dans les zones sensibles telles que les camps de déplacés.

Enfin, « l'établissement d'une coopération régionale plus forte avec les pays voisins est essentiel », souligne le document qui note qu'avec le caractère transfrontalier du phénomène du mercenariat, cela requiert une coopération étroite des autres pays, en particulier des pays voisins. « Une solide gestion des frontières doit être mise en place par la République centrafricaine et ses voisins. L'instabilité dans la région signifie qu'il est absolument urgent de mettre en œuvre une coopération plus solide avec les pays frontaliers », conclut le rapport.