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Rohingyas au Myanmar : le chef des droits de l'homme de l'ONU dénonce un « nettoyage ethnique »

Des enfants Rohingyas du Myanmar dans le camp de Kutupalong, au Bangladesh (juillet 2017).
<a href=http://bit.ly/2w1Oddr>Poppy McPherson/IRIN</a>
Des enfants Rohingyas du Myanmar dans le camp de Kutupalong, au Bangladesh (juillet 2017).

Rohingyas au Myanmar : le chef des droits de l'homme de l'ONU dénonce un « nettoyage ethnique »

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé lundi devant le Conseil des droits de l'homme un « exemple classique de nettoyage ethnique » en ce qui concerne les Rohingyas au Myanmar.

Selon les dernières estimations des Nations Unies, plus de 300.000 personnes, la plupart des musulmans de la minorité rohingya, se sont réfugiées au Bangladesh pour fuir les violences dans l'Etats de Rakhine, au Myanmar.

A l'ouverture de la 36e session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, M. Zeid a appelé le gouvernement du Myanmar à mettre un terme à son opération militaire cruelle et aux « discriminations généralisées » dont souffrent les Rohingyas.

Il a jugé « disproportionnée » la réponse du Myanmar suite aux attaques meurtrières des rebelles rohingyas contre la police fin août dans l'Etat de Rakhine.

M. Zeid s'est dit préoccupé par les informations faisant état d'exécutions extrajudiciaires, y compris de tirs sur des civils en fuite. Il a indiqué avoir reçu également « de multiples rapports et des images satellitaires montrant des forces de sécurité et des milices locales brûlant des villages rohingyas ». Il a invité le gouvernement « à cesser de prétendre que les Rohingyas mettent le feu à leurs propres maisons », dénonçant ainsi un « déni complet de la réalité ».

De façon générale, le chef des droits de l'homme a jugé que le traitement infligé aux Rohingyas s'apparentait à un « exemple classique de nettoyage ethnique ». Il s'est dit « consterné par les informations selon lesquelles les autorités du Myanmar ont commencé à poser des mines le long de la frontière avec le Bangladesh », une façon d'empêcher les réfugiés qui ont fui la violence à revenir.

Selon le chef des droits de l'homme de l'ONU, cette « mesure ressemble à un artifice cynique visant à transférer de force un grand nombre de personnes sans qu'elles puissent revenir ».

Les violations des droits de l'homme systématiques commises contre les Rohingyas pourraient constituer des crimes contre l'humanité, a mis en garde la Haut-Commissaire. Il a ainsi demandé aux autorités du Myanmar de mettre un terme aux opérations militaire en cours et d'autoriser aux équipes du Haut-Commissariat à entrer dans le pays.

Aux autorités du Bangladesh, le Haut-Commissaire a demandé de maintenir ses frontières ouvertes afin de continuer à accueillir les réfugiés. En conclusion, M. Zeid a regretté que l'Inde ait décidé de procéder à des expulsions de Rohingyas dans de telles circonstances.

De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué lundi que le nombre de Rohingyas récemment arrivés au Bangladesh en provenance du Myanmar s'élevait à 313.000. L'OIM a lancé un appel de fonds de 26,1 millions de dollars pour répondre à leurs besoins.