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Armes à sous-munitions : deux fois plus de victimes civiles entre 2015 et 2016, principalement en Syrie

Un bataillon de Casques bleus chinois participant dans le déminage de la ville de Hiniyah au Liban se prépare à faire exploser des restes de munitions non explosées. Photo ONU / Mark Garten (archives)
Un bataillon de Casques bleus chinois participant dans le déminage de la ville de Hiniyah au Liban se prépare à faire exploser des restes de munitions non explosées. Photo ONU / Mark Garten (archives)

Armes à sous-munitions : deux fois plus de victimes civiles entre 2015 et 2016, principalement en Syrie

Le nombre de victimes civiles des armes à sous-munitions a plus que doublé entre 2015 et 2016 selon le rapport annuel de la Coalition contre les armes à sous-munitions présenté jeudi à l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG).

Ce 'Rapport 2017 de l'Observatoire des sous-munitions' dresse le bilan sur la période de janvier à décembre 2016 de l'application de la Convention d'Oslo qui interdit l'emploi, la production, le transfert et le stockage des armes à sous-munitions.

Le rapport montre que l'utilisation de ces armes a causé 971 victimes en 2016, contre 419 en 2015. Environ 98% du total des personnes touchées sont des civils.

Cette hausse « vertigineuse » du nombre de victimes qui n'est pas étrangère aux conflits en Syrie et au Yémen. Sur les 971 victimes enregistrées l'année dernière, 860 ont été répertoriées en Syrie et 38 au Yémen. La plupart des victimes dans ces deux pays ont été touchées lors d'attaques à l'aide de sous-munitions et par des sous-munitions non explosées.

Alors que la vaste majorité des nouvelles victimes (857) ont été blessées ou tuées lors d'attaques utilisant des armes à sous-munitions, les autres l'ont été par des restes explosifs de guerre en 2016.

Jusqu'à 40 % de ces armes n'explosant pas à l'impact. Les sous-munitions non explosées deviennent alors aussi dangereuses que des mines antipersonnel et rendent des zones entières inhabitables. Les premiers intervenants et les démineurs locaux s'efforcent d'éliminer et de détruire ces restes d'explosifs de guerre dans des conditions d'urgence.

La moitié des accidents recensés en 2016 ont eu lieu au Laos (51 victimes), pays le plus « contaminé » au monde par les sous-munitions. Les autres pays où ont été recensées des victimes des restes de sous-munitions sont la Bosnie-Herzégovine, le Liban, la Serbie, l'Iraq, le Soudan du Sud et le Vietnam. Au total, 26 États et trois territoires sont contaminés par des restes de sous-munitions dans le monde.

A ce jour, la Convention d'Oslo compte désormais 119 membres (dont 102 États parties et 17 États signataires). Deux États (le Bénin et Madagascar) ont récemment ratifié la Convention. Le 5 décembre dernier, 141 États – dont 32 non signataires de la Convention d'Oslo – ont adopté à l'Assemblée générale des Nations Unies une résolution la soutenant.

Depuis l'entrée en vigueur de la Convention d'Oslo le 1er août 2010, 28 États parties ont détruit 1,4 million de stocks d'armes à sous-munitions, soit 175 millions de sous-munitions ce qui représente 97 % de toutes les armes à sous-munitions et 98 % des sous-munitions déclarées par les États parties. En 2016, trois États parties – la Slovaquie, l'Espagne et la Suisse – ont détruit 56.171 armes à sous-munitions et 2,8 millions de sous-munitions.

Le rapport la Coalition contre les armes à sous-munitions a été publié en marge de la Conférence des États parties à la Convention d'Oslo qui se tiendra du 4 au 6 septembre, au Palais des Nations, le siège de l'Office des Nations Unies à Genève.