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Rakhine : l'ONU appelle à maintenir l'ouverture des frontières aux personnes fuyant les violences au Myanmar

Après avoir fui les violences au Myanmar en octobre 2016, des réfugiés rohingyas ont trouvé refuge dans des sites improvisés surpeuplés à Cox's Bazar, au Bangladesh.
HCR / Saiful Huq Omi
Après avoir fui les violences au Myanmar en octobre 2016, des réfugiés rohingyas ont trouvé refuge dans des sites improvisés surpeuplés à Cox's Bazar, au Bangladesh.

Rakhine : l'ONU appelle à maintenir l'ouverture des frontières aux personnes fuyant les violences au Myanmar

Alors que la situation dans l'État Rakhine s'est sérieusement détériorée depuis vendredi, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a communiqué mardi au gouvernement du Bangladesh sa volonté d'appuyer Dhaka dans l'aide apportée aux réfugiés arrivés sur son territoire depuis le Myanmar.

« Dimanche, selon certaines estimations, environ 5.200 ressortissants du Myanmar étaient arrivés au Bangladesh depuis jeudi », a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'un point de presse à Genève. « Plusieurs milliers d'autres (personnes) se trouvent le long de la frontière au Myanmar », a-t-il précisé.

De l'autre côté de la frontière, au Bangladesh, des réfugiés se trouvent dans des zones frontalières reculées et d'autres ont principalement rejoint la région de Kutupalong. La plupart sont des femmes, des enfants ou des personnes âgées, dont certains seraient blessés.

Des efforts d'aide impliquant les autorités bangladaises, les communautés locales, des partenaires du HCR et des ONG sont en cours, y compris pour fournir des vivres, de l'eau potable et des soins médicaux aux nouveaux arrivants. « Le HCR est reconnaissant aux autorités bangladaises pour le soutien apporté », a indiqué M. Edwards. « Des évaluations rapides des besoins sont prévues mais, du fait de la situation précaire au Myanmar, nous sommes préoccupés par une nouvelle augmentation, ces prochains jours, du nombre de personnes ayant besoin d'aide », a-t-il alerté.

L'agence onusienne a reçu des informations faisant état de personnes empêchées d'entrer au Bangladesh, ce qui représente un risque très grave pour elles. « Le Bangladesh accueille des réfugiés du Myanmar depuis des décennies et, pour le HCR, il est essentiel de continuer à permettre aux Rohingya de fuir les violences en quête de sécurité », a souligné M. Edwards. « Le HCR demande également à la communauté internationale d'apporter un appui au Bangladesh dans cette situation d'urgence, avec l'assistance nécessaire et d'autres types d'aide », a -t-il ajouté.

Dans l'Etat Rakhine, la détérioration de la sécurité restreint sévèrement l'accès aux populations ayant besoin d'aide. « Nous demandons aux autorités du Myanmar de faire tout leur possible pour faciliter l'aide humanitaire et assurer la sécurité de notre personnel », a déclaré le porte-parole du HCR.

« Malheureusement, ce que nous avons craint semble se produire » Zeid

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a fait part de son inquiétude face aux violences et à l'incitation à de nouvelles violences dans le nord de l'Etat Rakhine depuis les attaques perpétrées vendredi contre les forces de sécurité.

« Malheureusement, ce que nous avons craint semble se produire », a déploré dans un communiqué de presse le Haut-Commissaire. Selon lui, des décennies de violations persistantes et systématiques des droits de l'homme, y compris les réponses de sécurité très violentes aux attentats depuis octobre 2016, ont presque certainement contribué à favoriser l'extrémisme violent. « Tout le monde perd finalement. Ce tournant des événements est déplorable. Il a été prédit et aurait pu être évité », a-t-il déclaré.

Le chef du haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est joint au Secrétaire général pour condamner sans équivoque les attaques violentes perpétrées dans l'Etat Rakhine contre le personnel de sécurité, « qui ont entraîné la perte de nombreuses vies et le déplacement de milliers de personnes ». Il a déclaré que les auteurs des attaques contre le personnel de sécurité doivent être traduits en justice, tout comme ceux qui ont attaqué la population civile.

M. Zeid a exhorté toutes les parties à renoncer au recours à la violence et à ne pas les alimenter davantage. Il a appelé les dirigeants politiques à condamner la rhétorique inflammatoire et l'incitation à la haine qui prolifère, y compris sur les médias sociaux.

Les autorités du Myanmar doivent opérer dans le respect des droits de l'homme

Le Haut-Commissaire a également appelé les autorités du Myanmar à veiller à ce qu'elles agissent conformément à leurs obligations en vertu du droit international relatif des droits de l'homme. « L'Etat a le devoir de protéger ceux qui se trouvent sur son territoire - sans discrimination », a déclaré M. Zeid.

Pour le HCDH, Les autorités de l'État devraient donner des instructions claires aux forces de sécurité pour s'abstenir d'utiliser une force disproportionnée, minimiser les dommages et les blessures et respecter le droit à la vie, soulignant que ceux qui ont recours à une force excessive doivent être tenus responsables.

M. Zeid a également exprimé sa préoccupation au sujet des affirmations faites par le Bureau du Conseiller d'État du Myanmar selon lesquelles les travailleurs humanitaires internationaux étaient complices ou soutenaient les attaques. « Ces déclarations sont irresponsables et ne servent qu'à accroître les craintes et le potentiel de nouvelles violences », a-t-il déclaré. « Je suis extrêmement préoccupé par le fait que les allégations non prouvées contre les organisations d'aide internationales mettent leur personnel en danger et peuvent les empêcher de fournir une aide essentielle ».

Suite à la publication du rapport final de la Commission consultative sur l'État Rakhine dirigée par Kofi Annan, le Haut-Commissaire a demandé au gouvernement du Myanmar de suivre les recommandations formulées « pour une réponse intégrée et appropriée à la situation dans l'État Rakhine, pour aborder plutôt que de sacrifier les préoccupations relatives aux droits de l'homme dans l'intérêt de maintenir la paix et l'ordre ».