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RDC : les conflits aggravent l'insécurité alimentaire, selon la FAO et le PAM

Une femme achète du chou d'un fermier dans un champ de légumes à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.
FAO/Olivier Asselin
Une femme achète du chou d'un fermier dans un champ de légumes à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.

RDC : les conflits aggravent l'insécurité alimentaire, selon la FAO et le PAM

Près de 7,7 millions de personnes en République démocratique du Congo (RDC) ont besoin d'une aide humanitaire alimentaire d'urgence, un chiffre en hausse de 30% par rapport à l'année dernière, ont prévenu lundi deux agences de l'ONU.

Selon un nouveau rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), plus d'une personne sur dix vivant en zone rurale en RDC souffre de la faim. La malnutrition chronique affecte 43% des enfants âgés de moins de cinq ans, soit plus de 7 millions d'enfants dans le pays.

Ces souffrances liées à la faim sont en hausse en raison de l'escalade des conflits, de leurs persistances dans le temps et des déplacements de population dans le centre et l'est de la RDC, principalement dans les régions du Kasaï et du Tanganyika, où les actes de violences se sont généralisés.

Selon le rapport de la FAO et du PAM, la situation humanitaire en RDC s'est de nouveau détériorée suite aux épidémies de choléra et de rougeole et aux invasions de chenilles légionnaires. Ces dernières, affectant 50 des 145 territoires de la RDC, ont détruit plus d'un quart des cultures du territoire national.

« Il n'existe pas d'autre endroit où la situation est plus alarmante qu'au Kasaï »

Dans les régions de la RDC touchées par les conflits, plus de 1,5 million de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire « d'urgence ». Cela signifie que ces personnes n'ont pas d'autres choix que de vendre tout ce qu'elles possèdent, de sauter des repas ou encore de réduire leurs portions de nourriture.

Dans plusieurs régions, certaines personnes mangent une fois par jour et leurs repas (à base de maïs, de manioc et de pommes de terre) ne permettent pas de satisfaire leurs besoins journaliers nutritionnels et caloriques. Dans certains cas, les régimes alimentaires se limitent à des féculents et à des feuilles.

Dans certaines des zones affectées par la faim, entre 50% et 80% de la population peine à joindre les deux bouts et à trouver de quoi se nourrir. Ces trois derniers mois, les prix des produits alimentaires ont augmenté. Certains vendent leurs biens, empruntent de l'argent, envoient les membres de leurs familles mendier ou encore manger ailleurs.

« Dans les régions touchées par les conflits, les agriculteurs ont vu leurs villages et terrains se faire piller. Ils n'ont pas pu planter lors des deux dernières campagnes et les marchés alimentaires ont du mal à combler leurs besoins alimentaires », a déclaré le Représentant par intérim de la FAO en RDC, Alexis Bonte. « Il n'existe pas d'autre endroit où la situation est plus alarmante qu'au Kasaï », a pour sa part souligné le Directeur du PAM en RDC, Claude Jibidar.

Les agriculteurs ont besoin d'outils et des semences

L'année dernière, près de 1,4 million de personnes ont été forcées de quitter leurs foyers en RDC, ce qui porte à 3,7 millions le nombre total de personnes déplacées dans le pays. A cette situation tendue s'ajoute le flux constant de réfugiés issus des pays voisins qui met à rude épreuve des ressources déjà limitées.

« Les agriculteurs, en particulier ceux qui ont été déplacés et plus précisément les femmes et les enfants, ont désespérément besoin d'une aide urgente et de moyens pour survivre tels que des outils et des semences afin de pouvoir reprendre les activités agricoles », a ajouté le Représentant de la FAO « De nombreuses femmes déplacées ont perdu leurs maris. Pour elles, les activités agricoles, représentent un moyen de se reconstruire et d'appréhender l'avenir avec dignité et espoir ».

La FAO et le PAM appellent la communauté internationale à intensifier de manière urgente l'acheminement de nourriture vitale et d'aides nutritionnelle et agricole en RDC. « La situation est appelée à s'empirer si une aide urgente n'est pas apportée en temps opportun », a prévenu M. Bonte.

Dans les régions du Kasaï et de Tanganyika, touchées par les conflits, la FAO fournit des semences végétales et des outils manuels afin de relancer au plus vite la production agricole et d'accroître la disponibilité des aliments nutritifs dans les communautés hôtes et chez les déplacés. En 2017, la FAO entend venir en aide à 2,1 millions de personnes en RDC afin de lutter contre la faim, de restaurer la production alimentaire et de renforcer la résilience des moyens d'existence.

En RDC, le PAM poursuit son travail en faveur des personnes les plus vulnérables. L'agence a déployé du personnel à Tshikapa et au Kasaï central, les deux provinces les plus touchées par le conflit, et procédera à des distributions alimentaires d'ici les prochains jours. Dans d'autres régions du pays, le PAM apporte sa capacité logistique notamment en termes de transport aérien et routier, de carburant et de stockage afin de la mettre au service de la communauté humanitaire dans son ensemble.