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Centrafrique : l'ONU appelle la communauté internationale à maintenir son appui en raison du regain de violences

Des personnes déplacées dans le camp de l'aéroport de M'Poko à Bangui, République centrafricaine (archives). Photo OCHA/Phil Moore
Des personnes déplacées dans le camp de l'aéroport de M'Poko à Bangui, République centrafricaine (archives). Photo OCHA/Phil Moore

Centrafrique : l'ONU appelle la communauté internationale à maintenir son appui en raison du regain de violences

Au terme d'une visite de trois jours en République centrafricaine, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, a appelé mardi la communauté internationale à maintenir son soutien et à éviter que ne se répète la crise qui avait frappé le pays il y a à peine quatre ans.

Au terme d'une visite de trois jours en République centrafricaine (RCA), le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, a appelé mardi la communauté internationale à maintenir son soutien et à éviter que ne se répète la crise qui avait frappé le pays il y a à peine quatre ans.

Tout en se félicitant des énormes efforts déployés depuis le point culminant de la crise en 2014, le Secrétaire général adjoint s'est dit très préoccupé par la recrudescence de la violence en RCA depuis le début de l'année 2017. « Cette tendance met en péril les gains durement acquis depuis 2015, lors de mon dernier séjour », a déclaré M. O'Brien.

En République centrafricaine, près de 2,4 millions de personnes (soit une personne sur deux) dépendent de l'aide humanitaire pour survivre.

« Si nous n'agissons pas maintenant, nous verrons les besoins humanitaires croître et serons les témoins d'une plus grande vulnérabilité des personnes déjà affaiblies. Nous risquons de voir une pression accrue s'exercer sur les capacités des acteurs humanitaires et des mécanismes de financement », a prévenu M. O'Brien.

Les civils, premières victimes du regain de violences

Depuis janvier 2014, plus de 10.000 enfants ont été libérés des mains des groupes armés. Malgré une année scolaire très difficile rythmée par la violence et les déplacements, les enfants des classes élémentaires des écoles d'urgence de Bambari et Kaga Bandoro ont tous passé leurs examens.

Au cours de ses entretiens avec le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, les Ministres du plan et des affaires sociales, les acteurs humanitaires nationaux et internationaux, le corps diplomatique ainsi que les donateurs, M. O'Brien a exprimé son inquiétude face à « la montée injustifiée de la violence et son impact terrible, terrifiant et néfaste sur les enfants, les femmes et les hommes ».

« J'ai entendu beaucoup d'histoires à faire monter les larmes aux yeux pendant ma visite à Bangassou », a dit le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), citant l'exemple de Falmata et Amina, deux mamans ayant 8 et 3 enfants, qui ont dû fuir leurs maisons du quartier de Tokoyo en mai dernier et qui ont maintenant trouvé refuge sur le site du Petit Séminaire.

« Leurs maisons ont été détruites, elles n'ont nulle part où aller. Tout ce qu'elles demandent, c'est la sécurité et la sûreté dans leur quartier d'origine pour pouvoir envisager de rentrer chez elles », a dit M. O'Brien.

RCA : « un des endroits les plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires »

En Centrafrique, la protection des civils et la fourniture d'aide constituent des défis colossaux dans un environnement difficile où la sécurité des travailleurs humanitaires est trop souvent menacée.

Dans ce contexte difficile, la protection des civils implique de protéger les enfants, de les préserver du recrutement par les groupes armés, de protéger les femmes contre le viol, d'empêcher que des hommes et des femmes soient tués et de fournir de l'aide.

« Aujourd'hui, la République centrafricaine est l'un des endroits les plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires », a souligné M. O'Brien, rappelant que 24 d'entre eux ont perdu leurs vies depuis le début de la crise.

Attaques à caractère religieux ou ethniques : « un recul inquiétant en RCA »

La visite de M. O'Brien en Centrafrique intervient au moment où une nouvelle flambée de violence inédite depuis 2014, a entrainé de nouveaux déplacements forcés et une augmentation des besoins humanitaires.

A Bangassou, le Secrétaire général adjoint a ainsi été témoin des conditions désastreuses dans lesquelles environ 2.000 personnes déplacées d'un groupe minoritaire sont confinées dans l'église catholique locale.

« Les attaques à caractère religieux ou ethniques constituent un recul inquiétant en RCA. Il faut mettre fin à des actes aussi inacceptables, afin de donner une chance à la paix. J'appelle toutes les parties à s'engager sans plus tarder dans le dialogue et la reconstruction de la vie des gens aujourd'hui et pour les générations futures », a-t-il insisté.

Le chef des affaires humanitaires de l'ONU a rappelé « à toutes les parties au conflit leur obligation, en vertu du droit international, de protéger les civils et de veiller à ce que leurs besoins fondamentaux soient satisfaits ». Il a également rappelé que les Nations Unies sont en Centrafrique pour aider et non pas pour être une cible, ou entraver l'engagement politique. « Utilisez tout simplement les mots et le dialogue au lieu des armes, de la violence ou de la discrimination », a-t-il ajouté.

Une réponse humanitaire sous-financée

La réponse humanitaire en Centrafrique fait face à un sous-financement chronique.

La détérioration continue de la situation dans le pays a amené la communauté humanitaire à réviser son Plan de réponse humanitaire. Porté désormais à 497 millions de dollars, il n'est toujours financé qu'à hauteur de 24%, ce qui est bien inférieur à la moyenne mondiale de financement située à 34%.

M. O'Brien a instamment demandé à la communauté internationale de maintenir l'appui dans l'intérêt du peuple centrafricain, de la paix et de l'avenir du pays. « Chacun d'entre nous doit faire plus pour transformer les mots et les bonnes intentions en actions concrètes dont les Centrafricains ont le plus besoin », a déclaré le chef d'OCHA. « Nous ne pouvons pas échouer dans cet effort supplémentaire ».