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Venezuela : préoccupée par les violences, l'ONU rappelle que seule une solution politique pourra résoudre la crise

Des personnes attendent pendant cinq heures pour acheter une ration de pain d'une petite boulangerie à Cumaná, au Venezuela (archives).
Meridith Kohut / IRIN
Des personnes attendent pendant cinq heures pour acheter une ration de pain d'une petite boulangerie à Cumaná, au Venezuela (archives).

Venezuela : préoccupée par les violences, l'ONU rappelle que seule une solution politique pourra résoudre la crise

Alors que la contestation et les violences meurtrières se poursuivent au Venezuela, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exprimé la préoccupation « plus présente que jamais » de l'ONU au regard de la situation dans le pays.

« La communauté internationale et moi-même souhaitons la paix et la démocratie pour le Venezuela », a dit vendredi M. Guterres dans une déclaration à la presse.

Au cours des trois derniers mois, plus de 90 personnes ont perdu la vie dans des manifestations contre le gouvernement devenues presque quotidiennes.

« Un dialogue national est urgent au Venezuela entre le gouvernement et l'opposition pour atteindre deux objectifs majeurs : l'éradication de la violence, des abus et du fanatisme; et la préservation d'une voie constitutionnelle convenue », a souligné le Secrétaire général.

M. Guterres a indiqué qu'il n'y aura pas de solution à la crise si elle est imposée. « La sortie (de la crise) se fera par un accord, des élections et le respect des droits fondamentaux et des pouvoirs constitutionnels », a précisé le chef de l'ONU. « La sortie (de crise) doit être résolue par les Vénézuéliens seuls, et la communauté internationale doit appuyer des résultats pacifiques basés sur le dialogue politique. Seule une solution politique peut restaurer l'espoir au Venezuela ».

Référendum non-officiel : l'experte indépendante préoccupée par une possible répression

La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion et d'association pacifiques, Annalisa Ciampi, a appelé vendredi les autorités vénézuéliennes à garantir le respect des normes internationales relatives aux droits de l'homme à l'occasion de la tenue dimanche d'un référendum non officiel concernant les changements constitutionnels prévus par le Président du pays, Nicolás Maduro.

« Je suis profondément préoccupée par la série de violences affichées dans des circonstances similaires par la police et la Garde nationale qui pourraient être de nouveau appliquées dans le cadre de cette consultation », a déclaré Mme Ciampi.

Entre six et huit millions de personnes devraient participer à la « Consultation souveraine » organisée par l'opposition concernant la décision du Président Maduro de convoquer une Assemblée nationale constituante. Les groupes d'opposition affirment que la décision du Président vénézuélien enfreint la Constitution du pays.

Mme Ciampi a relevé les attaques signalées contre les centres de vote par des civils progouvernementaux armés qui ont été actifs durant les manifestations de ces derniers mois. « De telles attaques violent gravement les droits à la liberté de réunion et d'expression pacifique », a-t-elle souligné.

« Je suis également préoccupée par l'intimidation présumée des manifestants et des membres de l'opposition par des agents publics », a déclaré l'expert. « La coercition n'est jamais une réponse aux revendications légitimes de démocratie et à l'expression des frustrations des gens dans le contexte des troubles économiques et sociaux provoqués par la pauvreté croissante et la détérioration des conditions de vie ».

La Rapporteuse spéciale a réitéré l'appel lancé par un groupe d'experts des droits de l'homme à la fin du mois d'avril afin de faciliter l'exercice du droit de réunion pacifique et d'assurer un dialogue constructif entre le peuple et ses représentants.

« Les autorités vénézuéliennes ne devraient pas interférer avec des manifestations pacifiques et sont par conséquent tenues de protéger activement les rassemblements », a-t-elle noté. « Elles devraient faciliter l'exercice des droits des personnes à se rassembler pacifiquement et à s'exprimer librement ».

Mme Ciampi a appelé les autorités vénézuéliennes à « tenir compte des principes stricts des normes internationales relatives aux droits de l'homme et à s'abstenir de recourir à la violence ».