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Colombie: après le dépôt des armes, la réintégration des anciens combattants doit être une priorité, selon l'ONU

Le Président colombien, Juan Manuel Santos; le Représentant spécial du Secrétaire général, Jean Arnault; et le chef du secrétariat des FARC-EP, Timoleon Jimenez lors d'une cérémonie pour le dépôt définitif d'armes en Colombie.
Mission de l'ONU en Colombie
Le Président colombien, Juan Manuel Santos; le Représentant spécial du Secrétaire général, Jean Arnault; et le chef du secrétariat des FARC-EP, Timoleon Jimenez lors d'une cérémonie pour le dépôt définitif d'armes en Colombie.

Colombie: après le dépôt des armes, la réintégration des anciens combattants doit être une priorité, selon l'ONU

Le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission des Nations Unies en Colombie, Jean Arnault, a souligné vendredi aux membres du Conseil de sécurité les importantes avancées accomplies dans le cadre du processus de paix en Colombie, tout en rappelant le principal défi de la réintégration des anciens combattants.

Devant le Conseil, M. Arnault a confirmé que les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) avaient remis, le 27 juin, les derniers 40% d'armes individuelles enregistrées par la Mission en mars dernier, conformément à la Feuille de route du 29 mai.

Certaines de ces armes resteront à la disposition des FARC-EP jusqu'au 1er août pour assurer la sécurité des camps et des sites de dépôt des Nations Unies, a-t-il rappelé. Les conteneurs d'armes seront alors retirés des camps et les sites de rassemblement des FARC-EP seront transformés en « zones de formation et de réintégration » dont la sécurité sera assurée par les forces militaires et de police colombiennes.

M. Arnault a également mentionné la cérémonie conjointe d' « Adieu aux armes, adieu à la guerre » tenue le 27 juin, en présence du Président colombien, Juan Manuel Santos Calderón et du chef du Secrétariat des FARC-EP, Timoleon Jimenez. La cérémonie a été l'occasion de lancer « des messages forts et émouvants » à une société colombienne qui a encore souvent des doutes sur les promesses du processus de paix, a ajouté le Représentant spécial, en rappelant les propos du Président Santos sur son attachement à la mise en œuvre de l'Accord de paix « jusqu'à sa dernière virgule ».

Le Mécanisme de suivi et de vérification a fait preuve de son efficacité

L'examen par la Mission onusienne des neuf mois de cessez-le-feu a certes mis en évidence quelques manquements mais aucune volonté de violer la trêve, qui s'est donc renforcée elle-même au cours du temps, a par ailleurs assuré M. Arnault.

Après huit mois de fonctionnement tripartite, le Mécanisme de suivi et de vérification a fait preuve de son efficacité et contribué à renforcer la confiance entre les parties, a déclaré le chef de la Mission de l'ONU en Colombie.

M. Arnault a rappelé que la destruction des caches d'armes était un processus difficile : le rapport précise que les FARC-EP ont attendu fin avril pour annoncer qu'il y en avait 949, réparties dans tout le pays. Mais le Représentant spécial s'est dit encouragé par la coopération des différentes parties et a estimé que la plus grande partie de ces caches d'armes pourrait être détruites avant le 1er septembre, date de la fin de la Mission de vérification. A ce stade, 81 ont été visitées, et de grandes quantités d'explosifs détruites.

Les dernières nouvelles sont donc bonnes et encourageantes et il est donc justifié de s'en réjouir même si la complaisance n'est pas de mise, a poursuivi le Représentant spécial, qui a rappelé que l'un des principaux défis à venir était la réintégration de quelque 10.000 anciens combattants des FARC-EP, inquiets tant pour leur sécurité que pour leur avenir socio-économique. Il a décrit un contexte, marqué par une économie illégale persistante, la présence de nombreux groupes armés, y compris des groupes criminels ou des FARC dissidents, ou encore la violence à l'égard des dirigeants syndicaux.

L'un des mérites de la Feuille de route du 29 mai est de fixer des priorités claires, a estimé M. Arnault, qui s'est dit d'accord avec les trois orientations principales du gouvernement colombien en vue de la réintégration des anciens combattants, à savoir le déploiement des forces de sécurité pour protéger les communautés et rétablir l'état de droit dans les régions les plus affectées par le conflit, la mobilisation des ressources pour apporter des services sociaux de base dans les communautés rurales les plus isolées et la mise en place rapide d'une juridiction de paix pour satisfaire les besoins de justice des victimes.

Ce sont là, a relevé avec satisfaction M. Arnault, les priorités que le Gouvernement avait indiqué au Fonds de consolidation de la paix. Le Représentant spécial a donc invité la communauté internationale à appuyer la réalisation de ces objectifs.