L'actualité mondiale Un regard humain

Iraq : l'UNESCO déplore la mort de deux journalistes et la destruction d'une mosquée emblématique à Mossoul

La mosquée Al-Nouri et le minaret Al-Hadba à Mossoul, en Iraq. Photo UNESCO
La mosquée Al-Nouri et le minaret Al-Hadba à Mossoul, en Iraq. Photo UNESCO

Iraq : l'UNESCO déplore la mort de deux journalistes et la destruction d'une mosquée emblématique à Mossoul

La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a déploré jeudi la mort du journaliste kurde Bakhtyar Haddad et du reporter français Stephan Villeneuve à Mossoul en Iraq et la destruction de la mosquée Al-Nouri et du minaret Al-Hadba dans cette ville.

« Je déplore la mort de Bakhtyar Haddad et de Stephan Villeneuve », a déclaré la Directrice générale dans un communiqué de presse. « Les journalistes sont confrontés à des situations extrêmement dangereuses dans le cadre de leur travail. Or ce travail permet de mettre au jour des informations essentielles pour parvenir à la paix. Je tiens à rappeler que les journalistes bénéficient du statut de civils conformément aux Conventions de Genève ».

Bakhtyar Haddad, reporter et fixer, travaillait avec les journalistes étrangers. Il était au côté du correspondant Stephan Villeneuve à Mossoul dans le cadre d'un reportage pour l'émission 'Envoyé spécial', diffusée sur la chaîne de télévision France 2. Ils couvraient le conflit lorsqu'une bombe placée en bord de route a explosé tuant Haddad sur le coup et blessant grièvement Villeneuve et d'autres membres de l'équipe le 19 juin. Stephan Villeneuve a été transporté à l'hôpital où il a succombé à ses blessures quelques heures plus tard.

Dans un communiqué de presse séparé, la chef de l'ONU a déploré la destruction du minaret Al-Hadba et de la mosquée Al-Nuri à Mossoul, qui « figuraient parmi les sites emblématiques de la ville et étaient un symbole d'identité, de résilience et d'appartenance ».

« Quand Daech a pris pour cible la mosquée et le minaret il y a quelques mois, la population de Mossoul a formé une chaîne humaine pour protéger le site, apportant une nouvelle preuve que la protection du patrimoine ne peut être dissociée de la protection des vies humaines », a déclaré Mme Bokova.

« Cette nouvelle destruction approfondit encore les blessures d'une société déjà affectée par une tragédie humanitaire sans précédent, marquée par trois millions de personnes déplacées et 6,2 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire d'urgence. Cela plaide en faveur d'une mobilisation internationale immédiate et renforcée », a-t-elle ajouté.

Depuis le début de l'offensive à Mossoul, lancée en octobre 2017, entre 750.000 et 800.000 personnes ont été déplacées et un grand nombre d'entre elles sont aujourd'hui captives ou utilisées comme boucliers humains.

« Aujourd'hui, je tiens à exprimer au peuple d'Iraq la solidarité renouvelée de l'UNESCO et sa disposition à soutenir, restaurer et réhabiliter le patrimoine culturel dès que cela sera possible. Envers et contre tout, l'esprit de résilience incarné par Al-Hadba doit prévaloir et l'UNESCO continuera à soutenir le peuple iraquien pour recouvrer son patrimoine et lutter contre toutes les formes d'extrémisme et de violence à travers la culture, l'éducation et le respect des droits humains », a déclaré Mme Bokova.

Située dans l'ouest de Mossoul, dans la vieille ville, la Grande mosquée d'Al-Nouri était considérée comme l'une des principales mosquées historiques d'Iraq. Construite par Nureddine Zangi en 1172 de notre ère, durant le califat abbasside, elle a subi plusieurs rénovations et restaurations au cours des siècles. Sa caractéristique la plus emblématique était le minaret penché Al-Hadba (le bossu), qui avait conservé sa structure et son architecture d'origine pendant des siècles.

En 2012, l'UNESCO a contribué à la sauvegarde d'Al-Hadba. Quelques jours avant l'occupation de Mossoul par Daech en juin 2014, l'UNESCO avait entrepris d'importantes démarches en vue de la sauvegarde et de la consolidation du minaret Al-Hadba. Les travaux ont été interrompus avec le conflit. Toutefois, une étude complète sur la conservation du minaret a été réalisée et pourrait servir à l'avenir.