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Libye : face au vide politique, l'ONU appelle les parties à retrouver l'esprit de l'Accord de Skhirat

Le chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Libye (MANUL), Martin Kobler, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe
Le chef de la Mission d'assistance des Nations Unies en Libye (MANUL), Martin Kobler, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe

Libye : face au vide politique, l'ONU appelle les parties à retrouver l'esprit de l'Accord de Skhirat

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Martin Kobler, a souligné mercredi la nécessité de forger de toute urgence une unité nationale et a appelé les parties prenantes à retrouver l'esprit de l'Accord politique de Skhira.

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, Martin Kobler, a souligné mercredi la nécessité de forger de toute urgence une unité nationale et a appelé les parties prenantes à retrouver l'esprit de l'Accord politique de Skhirat.

M. Kobler a indiqué que la majorité des Libyens et de la communauté internationale continuaient d'appuyer cet accord politique. Certes, a-t-il dit, l'Accord n'est pas parfait et peut être amendé, « mais il n'y a pas de plan B et nous n'avons pas non plus besoin d'un plan B ».

Le Représentant spécial a par ailleurs affirmé qu'il existait de nombreux signes positifs concernant l'évolution de la situation dans le pays, notamment les avancées récentes dans la lutte contre le terrorisme et l'amélioration de la situation sécuritaire à Tripoli. Sur le plan économique, les salaires libyens sont à la hausse et la production de pétrole a augmenté, a-t-il salué, faisant état des progrès réalisés par la société pétrolière nationale.

« Un vide politique dangereux »

« L'optimisme de Skhirat a toutefois diminué », a reconnu M. Kobler, ajoutant que l'horizon politique établi par l'Accord signé au Maroc est devenu « plus flou », ce qui contribue à un vide politique dangereux dans le pays. L'envoyé de l'ONU en Libye a notamment pointé du doigt la criminalité rampante, qui demeure monnaie courante dans tout le pays, la division des institutions et l'absence de garantie des services publics pour la population. Le produit intérieur brut (PIB) du pays, a-t-il ajouté, n'a cessé de diminuer depuis 2012, sans parler de la persistance de l'économie parallèle et des activités illégales.

M. Kobler a regretté que le vide politique actuel entrave les efforts déployés pour créer une force de sécurité unie, au point que certains acteurs envisagent un retour à une solution militaire. « La concurrence pour le contrôle des ressources nationales risque d'engendrer de nouvelles violences », s'est-il inquiété.

Le Représentant spécial a par conséquent estimé que le moment était venu de retourner à la table des négociations et de « retrouver l'esprit de Skhirat ». Pour cela, a-t-il dit, le pays a besoin d'un soutien international sans faille, et pas uniquement sur le plan institutionnel. Il a ainsi défendu la création de partenariats avec la société libyenne.

Devancer les problèmes plutôt qu'y réagir après coup

L'envoyé de l'ONU a en outre appelé l'ensemble des acteurs politiques à s'accorder sur un processus juste pour amender l'Accord politique. En second lieu, il appelé à mettre immédiatement un terme à la violence, y compris dans le sud du pays, ainsi qu'à établir un dispositif sécuritaire unifié et des mesures de confiance. De ce point de vue, a-t-il estimé, le Comité chargé de superviser le cessez-le-feu à Tripoli est un excellent point de départ.

M. Kobler a en outre appelé à améliorer la coopération entre le Conseil de la présidence et l'ensemble des acteurs économiques. La Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), dont il est le chef, doit les aider à y parvenir, a-t-il estimé.

Enfin, le Représentant spécial a appelé la communauté internationale, y compris les Nations Unies, les organisations régionales et les États voisins, à ne pas seulement réagir après coup, mais à devancer les problèmes libyens.