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Le Conseil de sécurité demande aux Etats membres de protéger le patrimoine culturel lors de conflits armés

Le site de Palmyre, en Syrie, inscrit au patrimoine de l'humanité. Photo ©UNESCO/Francesco Bandarin  (archives)
Le site de Palmyre, en Syrie, inscrit au patrimoine de l'humanité. Photo ©UNESCO/Francesco Bandarin (archives)

Le Conseil de sécurité demande aux Etats membres de protéger le patrimoine culturel lors de conflits armés

Le Conseil de sécurité a adopté vendredi une résolution demandant aux États membres de l'ONU de prendre des mesures pour empêcher et combattre le commerce illicite et le trafic des biens culturels ou « à valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse » qui ont été enlevés en période de conflit armé, notamment par des groupes terroristes.

Présentée par la France et l'Italie, la résolution 2199 (2017) encourage les États membres à proposer des listes de Daech, Al-Qaïda et des personnes, groupes, entreprises et entités impliqués dans ce type de trafic.

Avec ce texte adopté à l'unanimité de ses membres, le Conseil prie instamment les Etats membres d'élaborer « une large coopération policière et judiciaire » à cette fin, avec l'aide de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) et de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Devant le Conseil, la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, a exprimé sa « vive émotion » après l'adoption de cette « résolution historique, qui marque une prise de conscience essentielle du rôle du patrimoine pour la paix et la sécurité ».

« La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre - c'est devenu une tactique de guerre, dans une stratégie globale de nettoyage culturel », a expliqué Mme Bokova, ajoutant que la protection du patrimoine est plus qu'un enjeu culturel : « c'est un impératif de sécurité, inséparable de la protection des vies humaines ».

L'UNESCO travaille avec la Cour pénale internationale (CPI) pour mettre un terme à l'impunité des crimes de guerre contre la culture, a dit la Directrice générale, précisant que cette coopération avait notamment permis la condamnation du responsable de la destruction des Mausolées de Tombouctou.

La résolution demande également aux États membres de dresser « des inventaires du patrimoine et des biens culturels, notamment sous forme numérique » et de se doter de normes régissant l'exportation et l'importation de ce type de biens, y compris la « certification d'origine ». Il leur est également demandé d'établir des services spécialisés et de créer des bases de données destinées à recueillir des informations sur les activités criminelles liées aux biens culturels.

Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov, a expliqué au Conseil que son organisation coopère étroitement avec l'UNESCO, INTERPOL et l'Organisation mondiale des douanes pour renforcer la réponse des pays à tous les niveaux.

Une des formes prises par cette coopération, est le cofinancement, avec l'UNESCO, d'une étude globale visant à identifier les principaux itinéraires de trafic et les modus operandi, et à déterminer les défis que les pays doivent relever s'agissant de la réponse pénale.

La Directrice générale de l'UNESCO a par ailleurs salué l'intégration par le Conseil de sécurité de la protection du patrimoine dans le mandat des forces de maintien de la paix, « car lorsque le patrimoine est en première ligne des conflits, il doit être en première ligne de la paix ».

« La force des armes ne suffit pas à vaincre l'extrémisme violent », a souligné Mme Bokova. « La recherche de la paix passe aussi par la culture, par l'éducation, la prévention, la transmission du patrimoine : tel est le message de cette résolution historique, et son immense portée ».