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Afghanistan : l'ONU s'inquiète de la détérioration de la situation sécuritaire

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe

Afghanistan : l'ONU s'inquiète de la détérioration de la situation sécuritaire

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, a estimé vendredi devant le Conseil de sécurité que le principal défi du gouvernement est de poursuivre à la fois un processus de paix inclusif et une stratégie de croissance économique, dans un contexte marqué par une insurrection qui va en s'intensifiant et une situation sécuritaire qui se détériore.

Dans un exposé devant les membres du Conseil, M. Yamamoto a détaillé les progrès accomplis par le gouvernement dans trois domaines, citant en premier lieu la lutte contre la corruption. Le gouvernement a rompu avec les pratiques du passé en prenant plusieurs mesures pour lutter contre ce fléau, en vue de restaurer l'intégrité des services publics, a-t-il constaté. Le centre judiciaire chargé de lutter contre la corruption s'est également saisi d'affaires. Il a néanmoins déclaré que beaucoup restait encore à faire.

S'agissant du deuxième domaine, le processus électoral, M. Yamamoto a insisté sur l'engagement du gouvernement, au plus haut niveau, en faveur de l'organisation d'élections législatives impartiales, inclusives et transparentes. Les commissaires de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral ont été nommés, a-t-il indiqué, ajoutant que les préparatifs étaient encourageants. Il a néanmoins convenu que la restauration de la confiance dans le processus électoral serait difficile.

Au titre du troisième domaine, l'autonomisation économique des femmes, il a mentionné le programme national prioritaire lancé par le gouvernement afghan. Les femmes doivent être pleinement associées aux processus de prise de décision, a-t-il souhaité.

La détérioration de la situation sécuritaire demeure extrêmement préoccupante, a poursuivi le Représentant spécial. Les combats se sont poursuivis au début de 2017 malgré le froid de l'hiver. Il a prôné la vigilance face à la présence de combattants étrangers, en particulier ceux de Daech. L'année dernière, la Mission des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a enregistré le nombre le plus élevé de victimes civiles depuis près d'une décennie, a-t-il souligné. M. Yamamoto a voulu que cette tendance soit inversée.

« Bien que les parties au conflit aient fait part de leur engagement à protéger les civils, des efforts concrets doivent être consentis afin que de telles déclarations se traduisent par une protection véritable des Afghans et une réduction du nombre de victimes », a-t-il dit. M. Yamamoto a dit attendre avec intérêt l'adoption et la mise en œuvre d'un programme national afin de parvenir à cet objectif et encouragé le gouvernement à lutter contre la culture de l'impunité.

Rappelant qu'il ne saurait y avoir de solution militaire en Afghanistan, il a fait part de son sentiment, formé au cours de ses nombreux déplacements dans la région, que les pays voisins étaient davantage prêts à restaurer la paix en Afghanistan.

« J'exhorte les pays concernés, en particulier dans le voisinage de l'Afghanistan, à appuyer l'intérêt du Gouvernement afghan en faveur d'efforts de paix renforcés », a-t-il dit. Se disant profondément troublé par les tensions accrues entre l'Afghanistan et le Pakistan, il a appelé à réduire les tensions par la voie du dialogue.

Insistant sur l'importance de négociations, le Représentant spécial a indiqué que les Taliban devaient s'engager dans des pourparlers de paix sans conditions préalables. « Le gouvernement, les pays voisins et autres puissances clefs doivent appuyer le message que les Taliban peuvent faire partie de l'avenir de l'Afghanistan et de son tissu social et politique », a-t-il déclaré.