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RDC : le Haut-Commissaire aux droits de l'homme appelle à l'arrêt immédiat des massacres

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

RDC : le Haut-Commissaire aux droits de l'homme appelle à l'arrêt immédiat des massacres

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a demandé lundi au Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux violations généralisées des droits de l'homme, y compris les exécutions sommaires apparentes.

« Il y a plusieurs allégations crédibles de violations massives des droits de l'homme dans les régions du Kasaï, du Kasaï central, du Kasaï oriental et de Lomami, dans le contexte d'une forte détérioration de la situation sécuritaire, y compris des personnes ciblées par des soldats pour leur prétendue affiliation avec une milice locale », a déclaré M. Zeid dans un communiqué. « Il est temps d'arrêter une réaction militaire brutale qui ne fait rien pour s'attaquer aux causes profondes du conflit entre le gouvernement et les milices locales mais vise plutôt les civils sur la base de leurs liens présumés avec les milices », a-t-il souligné.

Pour le Haut-Commissaire, le gouvernement de la RDC doit veiller à ce que ses forces de sécurité, y compris la police et l'armée, respectent et protègent les vies et ne recourent aux armes à feu « qu'en dernier recours » face à une menace imminente pour la vie ou de blessure grave, « conformément à ses obligations internationales en matière de droits de l'homme ».

Une milice locale liée à un chef coutumier, Kamuina Nsapu, qui a été tué par les forces armées de la RDC en août 2016, est de plus en plus active dans la province du Kasaï central, s'attaquant principalement aux bâtiments gouvernementaux et aux églises ainsi qu'aux forces de sécurité nationales. La milice en question aurait également recruté et utilisé des enfants.

Des séquences vidéo horribles ont émergé au cours du week-end dernier, montrant apparemment des soldats des Forces armées de RDC (FARDC) tirer à plusieurs reprises et sans prévenir sur des hommes et des femmes qui appartenaient prétendument à la milice Kamiuna Nsapu, dans le village de Muenza Nsapu. Les prétendues soldats ont tiré à bout portant sur des victimes non armées alors qu'elles baignaient dans le sang au sol. La mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC ( MONUSCO), n'est pas en mesure de vérifier l'origine et l'authenticité de la vidéo. Cependant, le porte-parole du gouvernement de la RDC et ministre de la communication, Lambert Mende, a déclaré que les officiers des FARDC font l'objet d'une enquête judiciaire pour leur comportement lors des récents combats dans le village.

« Les autorités de la RDC doivent mener une enquête indépendante, impartiale, rapide, efficace et transparente afin de faire la lumière sur ce qui s'est passé et de veiller à ce que les responsables rendent pleinement compte de ce qui semble être l'utilisation d'une force excessive et disproportionnée, et dans certains cas, d'une force mortelle », a souligné M. Zeid.

Des violences et meurtres suivis depuis plusieurs mois par le BCNUDH

Le Bureau commun des Nations Unies pour les droits de l'homme ( BCNUDH) surveille de près la situation de la milice Kamuina Nsapu depuis plusieurs mois et a recensé une flambée récente des violences dans la province du Kasaï central. Le BCNUDH a reçu des informations selon lesquelles environ 50 personnes auraient été tuées par des troupes entre le 6 et le 8 février, et 101 autres personnes auraient été tuées dans des affrontements avec des soldats entre le 9 et le 13 février. Dans l'ensemble, le BCNUDH a recensé les meurtres de plus de 280 individus depuis juillet 2016 dans le contexte de cette violence.

Le BCNUDH assure une liaison étroite avec les autorités judiciaires, notamment en partageant les conclusions des différentes missions déployées dans la zone, afin de s'assurer que des enquêtes sont ouvertes sur les violations signalées par les FARDC et les milices.

« La RDC est depuis longtemps affligée par de graves violences », a dit le Haut-Commissaire. Mais dans un contexte marqué par une aggravation inquiétante de la violence dans les provinces considérées comme relativement calmes, M. Zeid a de nouveau demandé au gouvernement de redoubler d'efforts pour lutter contre l'impunité qui nourrit davantage de violences et de violations des droits de l'homme. « J'exhorte les autorités à mettre en place un plan de paix global basé sur le dialogue, y compris la recherche de solutions durables aux conflits avec les chefs coutumiers », a déclaré M. Zeid qui a invité le Conseil des droits de l'homme et la communauté internationale à surveiller la situation en matière de sécurité en RDC, y compris les progrès réalisés par les autorités dans l'enquête, la poursuite et la sanction de ces crimes.