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Centrafrique : une experte de l'ONU s'inquiète de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire

L'experte indépendante pour la situation des droits de l'homme en République centrafricaine (RCA), Marie-Thérèse Keita Bocoum.
ONU/Jean-Marc Ferré
L'experte indépendante pour la situation des droits de l'homme en République centrafricaine (RCA), Marie-Thérèse Keita Bocoum.

Centrafrique : une experte de l'ONU s'inquiète de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire

L'Experte indépendante des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, s'est inquiétée mercredi de la dégradation de la situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme dans certaines préfectures du pays et du peu d'avancées concrètes sur le terrain.

L'Experte indépendante des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, s'est inquiétée mercredi de la dégradation de la situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme dans certaines préfectures du pays et du peu d'avancées concrètes sur le terrain, en particulier concernant la protection des civils, la lutte contre l'impunité et le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement.

Au terme d'une visite dans le pays, l'Experte indépendante a constaté que le conflit centrafricain avait mué en une multiplication de conflits locaux et de groupes armés avec des alliances surprenantes. « Les conflits qui, auparavant, semblaient opposer les communautés chrétiennes et musulmanes ont évolué vers des oppositions armées entre des groupes se disant nationalistes et d'autres considérés comme étrangers, avec parfois une connotation ethnique qui pourrait devenir dangereuse », a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse.

Malgré l'élaboration d'un cadre législatif et institutionnel, les Centrafricains sont toujours en attente d'actions concrètes et significatives en matière de désarmement, de réforme du secteur de sécurité, de restauration de l'autorité de l'Etat, de lutte contre l'impunité et de réconciliation nationale.

« Force est de constater que peu de progrès ont été enregistrés en matière de restauration effective de l'autorité de l'Etat en dehors de Bangui, notamment en ce qui concerne les forces de sécurité et le personnel judiciaire et administratif en général », a-t-elle noté. « Les groupes armés règnent en maitre sur plus de 60% du territoire, bénéficiant d'une totale impunité. Ils se substituent à l'appareil judiciaire, terrifient la population et sont souvent accusés de se livrer à des abus sur des personnes soupçonnées de sorcellerie »

Mme Keita-Bocoum s'est dite encouragée par les messages reçus relayant la détermination des autorités politiques de lutter contre l'impunité. Ces messages confortent les efforts et investissements des partenaires, pays voisins et amis de la République centrafricaine pour mettre en place des institutions et mécanismes de justice formelle et de justice transitionnelle ; cette dernière accordant une place significative aux autorités traditionnelles et aux femmes.

L'Experte indépendante a noté les développements dans la mise en place de la Cour pénale spéciale, notamment le processus de recrutement du Procureur, des magistrats et des officiers de police judiciaire. Elle a aussi salué la finalisation du projet « Mapping » de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA), qui répertorie les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises entre 2003 et 2015, et qui devrait aider à la définition d'une stratégie de poursuites et à l'identification des axes prioritaires d'enquête.

En matière de justice ordinaire, l'Experte a salué la tenue de la seconde session des audiences criminelles devant la Cour d'assises et exhorté les partenaires de la République centrafricaine à appuyer les juridictions nationales, en particulier la sécurisation des tribunaux, des juges, des témoins et des victimes, comme pour la Cour pénale spéciale.

« La Conférence des bailleurs de fonds à Bruxelles, en novembre 2016, a généré de très fortes attentes de la population pour une mise en œuvre effective et rapide du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix», a déclaré l'Experte. « Les bailleurs de fonds et le gouvernement doivent travailler de concert pour s'assurer que le pays saisisse l'opportunité historique qui se présente de se relever de plusieurs décennies de crises et de sous-développement ».