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Kirghizistan : l'ONU qualifie le verdict dans le procès d'Azimjan Askarov de « profondément troublant »

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Kirghizistan : l'ONU qualifie le verdict dans le procès d'Azimjan Askarov de « profondément troublant »

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a qualifié de « profondément troublante » la condamnation mardi à la prison à vie du militant politique et journaliste, Azimjan Askarov, par un tribunal du Kirghizistan, estimant qu'elle met en évidence de graves lacunes dans le système judiciaire du pays.

« La décision du tribunal n'a pas tenu compte des opinions du Comité des droits de l'homme de l'ONU qui a conclu que M. Askarov avait été arbitrairement détenu, détenu dans des conditions inhumaines, torturé et empêché de préparer convenablement sa défense », a déclaré M. Zeid.

« Malgré l'engagement répété des autorités kirghizes à respecter les normes internationales en matière de procès équitable et d'enquêter sur les allégations de torture, ce procès a mis en évidence les lacunes du système judiciaire et d'application de la loi », a souligné le Haut-Commissaire.

Le tribunal régional de Chui, qui a réexaminé l'affaire Askarov du 4 octobre 2016 au 24 janvier 2017, a confirmé le verdict initial, le reconnaissant coupable de diverses accusations, y compris d'assassinat, d'incitation à la haine interethnique et de prise d'otages dans le contexte d'une violence à motivation ethnique dans le sud du Kirghizistan en juin 2010.

Le Comité des droits de l'homme, qui a examiné en mars 2016 une plainte déposée par M. Askarov, a demandé que sa condamnation soit annulée et, si nécessaire, qu'un nouveau procès soit considéré conformément aux principes d'équité, de présomption d'innocence et d'autres garanties procédurales.

« Il est vraiment regrettable que les questions soulevées par le Comité des droits de l'homme n'aient reçu qu'une attention limitée au cours de ce dernier procès et que le tribunal n'ait pas poursuivi les allégations selon lesquelles Askarov aurait été torturé », a déclaré M. Zeid.

Les autres sujets de préoccupation soulevés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) incluent l'absence répétée d'un interprète nommé par le tribunal, mettant Askarov, locuteur natif ouzbek, dans une position désavantageuse étant donné qu'il ne se sentait pas à l'aise en kirghize, la langue utilisée dans les procédures judiciaires ainsi que le prétendu recours aux témoignages de mêmes personnes en tant que source unique de preuves comme dans le procès initial.

« Je réitère l'appel lancé par le Comité des droits de l'homme pour que la condamnation de M. Askarov soient annulée et exhorte le Kirghizistan à mener des enquêtes et des procédures judiciaires impartiales, objectives et complètes afin d'assurer la justice pour tous », a déclaré M. Zeid.