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RDC : le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à traduire en justice les responsables des meurtres de manifestants

Des forces de sécurité en attente à Kinshasa pendants les manifestations en République démocratique du Congo (RDC) des 19 et 20 décembre 2016 (archives).
MONUSCO
Des forces de sécurité en attente à Kinshasa pendants les manifestations en République démocratique du Congo (RDC) des 19 et 20 décembre 2016 (archives).

RDC : le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à traduire en justice les responsables des meurtres de manifestants

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit vendredi profondément troublé par les rapports faisant état de dizaines de personnes tuées par la police et l'armée en République démocratique du Congo au cours des derniers jours.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est dit vendredi profondément troublé par les rapports faisant état de dizaines de personnes tuées par la police et l'armée en République démocratique du Congo (RDC) au cours des derniers jours.

Au cours de la semaine passée, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH) en RDC a documenté au moins 40 meurtres de civils dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi, Boma et Matadi, principalement à l'encontre de personnes manifestant contre le refus du Président Joseph Kabila de démissionner à la fin officielle de son mandat le 19 décembre.

Par ailleurs, quelques 107 personnes ont été blessées ou victimes de mauvais traitements, et au moins 460 personnes ont été arrêtées.

Une sérieuse négligence de la part des forces de l'ordre

« Ce bilan élevé révèle une sérieuse négligence de la part des forces de police, de défense et de sécurité quant à la nécessité d'exercer de la retenue lors de la gestion des manifestations », a déclaré M. Zeid. « Non seulement des militaires ont participé aux opérations de maintien de l'ordre, mais toutes les forces impliquées étaient lourdement armées et utilisaient des munitions réelles », a-t-il précisé.

Le Haut-Commissaire a rappelé que les agents de maintien de l'ordre, y compris les militaires agissant à ce titre, ne doivent jamais utiliser d'armes à feu, sauf en cas de danger immédiat pour leur vie ou leur intégrité physique, et seulement lorsque des mesures moins extrêmes seraient insuffisantes.

« Le non-respect par les autorités et les forces de sécurité de la RDC de leurs obligations internationales de garantir le droit aux libertés d'expression, d'association et de réunion est déplorable », a-t-il souligné.

Les actes de violence de ces derniers jours ne se sont pas limités à Kinshasa, Lubumbashi et à l'est du pays, mais ont également été signalés dans plusieurs régions, ce qui indique que la crise politique entraîne une déstabilisation plus large, a noté M. Zeid.

« La répression violente des voix dissidentes et la réponse autoritaire et irresponsable aux manifestations risquent de provoquer des actes de violence par les manifestants, voire de transformer la crise constitutionnelle liée à l'avenir du Président en conflit généralisé à travers le pays », a averti le chef des droits de l'homme de l'ONU.

Les responsables de violations des droits de l'homme doivent être traduits en justice

Le Haut-Commissaire a noté qu'à ce jour personne n'a été tenu responsable de la mort de 54 personnes à Kinshasa en septembre, lorsque les forces de défense et de sécurité ont usé d'une force excessive contre des manifestants qui appelaient au respect des délais constitutionnels et à la démission du Président Kabila à la fin de son deuxième et dernier mandat.

« Une telle impunité pour les actes de violence commis par le passé semble avoir donné aux agents de sécurité le sentiment qu'ils pouvaient ouvrir le feu contre les manifestants sans être tenus responsables de leurs actions », a déclaré M. Zeid.

Le Haut-Commissaire a réitéré les appels lancés, entre autres, par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), qui tente d'arbitrer un accord entre l'opposition et le parti au pouvoir, à une enquête indépendante et transparente sur les récents actes de violence.

« Il est essentiel que tous les responsables de violations des droits de l'homme soient traduits en justice, quels que soient leurs rangs. Sans une réponse crédible du gouvernement, les violences et les conflits actuels, y compris les conflits intercommunautaires liés au contrôle des ressources naturelles, risquent de dégénérer encore plus », a déclaré M. Zeid.