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L'ONU s'inquiète de la sécurité de nombreux stocks de matières fissiles

Le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

L'ONU s'inquiète de la sécurité de nombreux stocks de matières fissiles

A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité consacré aux armes de destruction massive, le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a souligné jeudi que la menace posée par ces armes prenait de nouvelles formes, avec la montée en puissance des groupes non étatiques mal intentionnés qui cherchent activement à acquérir et à utiliser de telles armes, comme Daech en Iraq et en Syrie.

« Des préoccupations légitimes se posent concernant la sécurité de nombreux stocks de matières fissibles pouvant être utilisées pour confectionner des armes et qui échappent à toute réglementation internationale », s'est alarmé M. Eliasson dans un discours devant les membres du Conseil.

Selon lui, les avancées scientifiques, qui facilitent la production d'armes biologiques et l'émergence de technologies, comme les imprimantes 3D et les drones, posent des défis supplémentaires, sans compter les attaques contre la cybersécurité. « Le scénario cauchemardesque d'un piratage informatique d'une centrale nucléaire en vue de répandre des radiations ionisantes se précise », a-t-il prévenu.

Selon Jan Eliasson, empêcher des acteurs non étatiques d'acquérir des armes de destruction massive est l'une des responsabilités les plus importantes de la communauté internationale. C'est pourquoi, a-t-il insisté, la communauté internationale doit rester à l'avant-garde du progrès technologique, en formulant des réponses de long terme et en s'appuyant sur des outils comme la résolution 1540 (2004).

Se félicitant de l'examen approfondi de la mise en œuvre de ce texte, M. Eliasson a appelé le Conseil de sécurité à jouer pleinement son rôle. Soulignant l'importance de saisir la moindre opportunité de renforcer nos « défenses collectives », le Vice-Secrétaire général s'est dit « déçu », à cet égard, par l'issue de la Conférence d'examen des parties à la Convention sur les armes biologiques.

Le Haut-Représentant des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Kim Won-Soo, a souligné de son côté la menace croissante associée aux armes biologiques et a prévenu qu'il restait encore beaucoup à faire pour prévenir la prolifération de telles armes.

Selon lui, la résolution adoptée jeudi par le Conseil de sécurité devrait contribuer à assurer un meilleur partage d'informations entre les États et les organisations régionales et internationales sur la menace que posent ces armes.

M. Kim a lancé un appel pour que le lien entre les technologies émergentes de l'information et les armes de destruction massive soit dûment pris en compte. La communauté internationale, a-t-il estimé, ne peut se permettre de rester à la traîne dans ce domaine.

Il a invité le Comité 1540 à tenir une réunion publique sur ce défi et à examiner les moyens d'empêcher que ces technologies ne soient détournées pour faciliter la mise à disposition de telles armes. Le secteur privé pourrait réfléchir à une « autorégulation » afin de contribuer à cet objectif, a déclaré M. Kim.

Le Haut-Représentant a loué les activités de sensibilisation conduites par le Comité 1540, qui ont porté sur 188 États. Mais cela reste insuffisant au regard des besoins, d'autant que le fossé entre ces besoins et les ressources à disposition ne fait que croître, a-t-il dit.

Il s'est félicité des appels lancés pour que des contributions soient apportées au Fonds d'affectation spéciale pour les activités de désarmement à l'échelle mondiale et régionale en vue de promouvoir l'application de la résolution 1540. Le Comité 1540 a besoin d'une aide administrative et financière renforcée, a poursuivi M. Kim, soulignant qu'il était nécessaire que ces ressources soient utilisées le mieux possible.