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L'ONU réclame un retour aux négociations de fond entre Israéliens et Palestiniens

Le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Amanda Voisard (archives)
Le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Amanda Voisard (archives)

L'ONU réclame un retour aux négociations de fond entre Israéliens et Palestiniens

Face à la détérioration continue de la situation en Cisjordanie et aux défis chroniques qui se posent à Gaza, le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix aux Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé mercredi toutes les parties prenantes à résister à ceux qui incitent à la haine et menacent de prolonger le conflit israélo-palestinien.

Face à la détérioration continue de la situation en Cisjordanie et aux défis chroniques qui se posent à Gaza, le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix aux Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé mercredi toutes les parties prenantes à résister à ceux qui incitent à la haine et menacent de prolonger le conflit israélo-palestinien.

« Une déclaration soigneusement rédigée ou un discours bien préparé n'inverseront pas la trajectoire actuelle », a expliqué M. Mladenov devant les membres du Conseil de sécurité. Selon lui, les gens aspirent à une action concrète pour renouer la confiance et créer les conditions d'un retour à des négociations de fond.

Les populations israélienne et palestinienne ont besoin du soutien de la communauté internationale pour réaffirmer le consensus sur le fait que la solution des deux États est le seul moyen de répondre légitimement aux aspirations nationales des deux peuples et d'identifier clairement les obstacles à la paix: « colonies, occupation des terres, violences et incitation à la violence », a-t-il ajouté.

Pour cela, il faudra des « dirigeants courageux » qui, ensemble, définissent une stratégie claire pour la paix et la sécurité, a insisté le Coordonnateur spécial.

Selon M. Mladenov, le désespoir socioéconomique en Cisjordanie est exacerbé par le « fardeau de l'occupation » et la fragilité des institutions démocratiques.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, s'est dit pour sa part alarmé du rythme auquel se poursuivent les démolitions des habitations palestiniennes dans la zone C et à Jérusalem-Est, soit plus de 80 rien qu'au cours du mois écoulé, en raison de l'absence de permis de construire, qui sont « presque impossibles à obtenir ».

« Ces destructions et confiscations ont d'ores et déjà doublé par rapport à 2015 », a souligné M. O'Brien, qui a insisté sur les conditions de vie « de plus en plus difficiles » des Bédouins déplacés.

Ces expulsions ont tendance à se faire au profit de nouvelles colonies israéliennes ou de l'expansion des colonies existantes, a-t-il noté. « La semaine dernière, malgré une forte opposition, la 'loi sur la légalisation' a obtenu un vote préliminaire à la Knesset », a prévenu le Coordonnateur spécial. « S'il venait à être adopté, ce texte autoriserait une expansion des colonies illégales et des avant-postes sur les terres privées palestiniennes. Sa ratification constituerait une violation du droit international et, selon le Procureur général d'Israël lui-même, serait inconstitutionnelle ».

Et aujourd'hui même, a renchéri Nickolay Mladenov, le Comité local de planification a décidé de donner le feu vert à la construction de 500 nouveaux logements dans la colonie de Ramat Shlomo, empiétant davantage sur le quartier de Beit Hanina, à Jérusalem-Est.

« Si la tendance économique et social continue de se détériorer, le potentiel d'une aggravation de la situation en Cisjordanie ne cessera de croître », a-t-il prévenu. En outre, l'Autorité palestinienne fait face à des difficultés fiscales considérables alors que l'assistance internationale a chuté de 30%, dans un contexte où l'Autorité dépend d'Israël pour ses recettes douanières, a-t-il ajouté.

Dans la bande de Gaza, la situation est tout aussi préoccupante, a souligné Stephen O'Brien, faisant observer que 70% de la population dépend de l'aide alimentaire. Toutefois, a-t-il ajouté, Israël fait obstacle à l'acheminement de celle-ci en imposant des restrictions à l'entrée de certains produits à Gaza, qui pèsent aussi lourdement sur la reconstruction. Cette reconstruction est dans l'impasse depuis près de six mois, alors que 60.000 personnes sont toujours privées de maisons.

Le Secrétaire général adjoint et le Coordonnateur spécial ont demandé à Israël de lever le blocus imposé à Gaza. M. Mladenov a considéré comme légitimes les préoccupations sécuritaires d'Israël. M. O'Brien s'est dit pour sa part reconnaissant à l'Egypte d'avoir consenti à ouvrir davantage encore le point de passage de Rafah.