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La Police de l'ONU s'adapte aux défis des différents terrains d'opérations de maintien de la paix

Des Casques bleus de l’unité sénégalaise de police constituée de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation multidimensionnelle intégrée au Mali (MINUSMA) parlent avec des Maliens lors d’une patrouille. Photo : ONU / Marco Dormino
Des Casques bleus de l’unité sénégalaise de police constituée de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation multidimensionnelle intégrée au Mali (MINUSMA) parlent avec des Maliens lors d’une patrouille. Photo : ONU / Marco Dormino

La Police de l'ONU s'adapte aux défis des différents terrains d'opérations de maintien de la paix

Dans le cadre de la semaine de la Police des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, et quatre responsables de police onusienne ont présenté jeudi au Conseil de sécurité, les défis auxquels sont confrontés sur le terrain les composantes police des opérations de maintien de la paix.

Dans le cadre de la semaine de la Police des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, et quatre responsables de police onusienne ont présenté jeudi au Conseil de sécurité, les défis auxquels sont confrontés sur le terrain les composantes police des opérations de maintien de la paix.

Les différents responsables ont abordé les questions de la protection des civils, de l'intégration de la problématique de genre, du développement des capacités de la police et de la sécurité du personnel. Selon les cas, ils ont souligné la nécessité d'un appui politique, financier et/ou matériel des Etats membres afin de pouvoir effectuer un travail efficace.

Protéger les civils

M. Ladsous a évoqué les défis qui se posent « quotidiennement » pour protéger les civils dans plusieurs pays hôtes, notamment le Soudan du Sud. « Les 200.000 personnes qui se trouvent dans les camps administrés par les Nations Unies dans ce pays doivent à l'Organisation leur vie et, en particulier, à sa Police », a-t-il rappelé.

Le Chef de la Police de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), Bruce Munyambo, a expliqué que les opérations de la police englobent le maintien de l'ordre, la protection des sites et la lutte contre la contrebande, notamment d'armes. « Mais en l'absence de mandat exécutif et de coopération du gouvernement, la MINUSS fait face à des difficultés en ce qui concerne les personnes arrêtées et susceptibles d'être détenues », a-t-il souligné.

« La participation des communautés, à l'intérieur comme à l'extérieur des sites, est essentielle pour les activités de la police des Nations Unies au Soudan du Sud », a expliqué son chef, « car elle permet d'établir un lien de confiance avec la population et d'obtenir des informations ».

Le Chef de la police de la MINUSS a souligné trois priorités pour faire face à ces défis : améliorer la capacité opérationnelle, aider les communautés à identifier et répondre aux menaces et sensibiliser la police locale à l'identification et répondre aux violations des droits de l'homme. « Le Soudan du Sud est à la croisée des chemins et le processus de paix reste très fragile », a estimé M. Munyambo.

Intégrer la problématique de genre

Le Secrétaire général adjoint s'est félicité de pouvoir annoncer que l'objectif de 20% de femmes parmi les officiers de police individuels (IPO) avait été atteint, tout en notant qu'il restait encore du chemin à parcourir pour ce qui est des unités de police constituée (FPU), où les femmes ne représentent que 7% des effectifs. « Je crois que cela n'est pas suffisant, parce que nous avons besoin d'engager le dialogue avec les populations locales, et les femmes peuvent jouer un rôle important à cet égard », a déclaré M. Ladsous,

La chef de la police de l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), Priscilla Makotose, a assuré que sa Mission a le taux le plus important d'officiers de police femmes parmi toutes les opérations de maintien de la paix de l'ONU. Elle a précisé que 19% des officiers de police étaient des femmes et que 17 positions clefs étaient occupées par des femmes.

Cette participation importante de femmes policières, a-t-elle dit, contribue à une mise en œuvre efficace du mandat de la Mission. « Elles servent notamment de modèles et inspirent les femmes et filles du Darfour à défendre leurs droits », a-t-elle estimé. Mme Makotose a affirmé que les femmes policières contribuaient à améliorer l'accès aux groupes vulnérables, jugeant que l'interaction avec ces groupes était capitale pour la collecte d'informations, l'analyse et la mise en place d'une réponse précoce.

Mme Makotose a également indiqué au Conseil avoir pris une directive pour que tous les membres de la composante de police soient informés de la politique des Nations Unies sur l'exploitation et les abus sexuels. « En tant que seule femme à la tête de la composante police d'une mission de maintien de la paix des Nations Unies, je reste pleinement engagée en faveur de ces importants efforts », a-t-elle assuré.

Développer les capacités

Le développement des capacités, a relevé M. Ladsous, est également indispensable pour permettre à l'État d'affirmer son emprise sur le terrain. « La sagesse commence avec la peur du gendarme », a-t-il lancé, en expliquant que la présence de la police est généralement perçue comme le signe du retour de l'état de droit.

Le Brigadier général de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Georges-Pierre Monchotte, a souligné que durant le mandat de la Mission, la section de police a apporté une assistance sur mesure dans des domaines prioritaires pour le Ministère de la justice, la sécurité publique et la Police nationale de Haïti (PNH), a-t-il ajouté, en citant par exemple la professionnalisation de la PNH, le renforcement de sa capacité opérationnelle et le renforcement de ses relations institutionnelles aux plans national et international.

« La cohabitation et l'étroite collaboration entre la MINUSTAH et les partenaires nationaux et internationaux ont généreusement contribué au support logistique et à la reconstruction des infrastructures, et les progrès réalisés se traduisent dans les chiffres », s'est réjoui le Brigadier général. « La Police nationale de Haïti a désormais une force globale de 13.100 officiers dont 9% sont des femmes, soit un ratio de 1,3 policier pour 1.000 habitants ». Après les prochaines promotions, en février et novembre 2017, a-t-il annoncé, les effectifs atteindront 15 000 officiers.

Si l'entraînement et les procédures de recrutement ont été améliorés et si la PNH a fait de grands progrès dans la lutte contre le kidnapping et contre la drogue, de nombreux défis demeurent, a-t-il prévenu, notamment dans les domaines du renseignement, de la lutte contre la criminalité organisée, le contrôle des armes à feu, la protection des civils et la police de proximité. «En parallèle, la promotion et la mise en œuvre des reformes de la justice est nécessaire pour assurer notamment l'accès à la justice et le développement durable », a-t-il conclu.

Sécurité du personnel

Pour le Secrétaire-général adjoint, l'exemple du Mali montre combien la question de la sécurité du personnel de police de l'ONU montre que « le coût humain est extrêmement élevé ».

L'Inspecteur général de Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), Issoufou Yacouba, a déclaré que les attaques systématiques, en particulier dans le nord du pays, à l'encontre des forces maliennes, de la MINUSMA et de Barkhane, entravent la mise en œuvre de l'accord de paix.

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes, a-t-il dit, en précisant que de janvier 2014 à octobre 2016, 1 013 attaques avaient été recensées à l'encontre de la MINUSMA, des ONG, des Forces de défense et de sécurité du Mali et de la population. A cela s'ajoutent 227 attaques par mines et engins explosifs improvisés, qui ont provoqué la mort de 214 personnes, et 201 tirs de mortiers ou de roquettes contre la MINUSMA et les forces maliennes », a détaillé M. Yacouba.

Rien qu'au cours du mois écoulé, 66 attaques ont été perpétrées contre la MINUSMA, les Forces maliennes et les populations civiles dans les régions de Gao, Mopti, Ménaka, Tombouctou et Kidal.

L'Inspecteur général a indiqué qu'avec le concours de l'ONU, une stratégie nationale en matière de prévention du radicalisme violent, de la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme est en cours d'élaboration par les autorités maliennes.

Le Chef de la Police de la MINUSMA a également cité la formation d'une équipe spécialisée dans les engins explosifs improvisés et la création d'un laboratoire de police technique et scientifique. Il a cependant regretté que l'opérationnalisation, par le Mali, de la Brigade d'investigation du pole judiciaire spécialisé continue de se faire attendre.

D'une manière plus générale, la mise en œuvre du mandat de la résolution 2295 (2016) autorisant un mandat plus proactif et robuste de la MINUSMA est jalonnée de défis relatifs à la réforme du secteur de la sécurité.

L'un des principaux défis reste le déploiement d'officiers de police individuels spécialisés et francophones, qui requiert le soutien des pays contributeurs, alors qu'un engagement avait été pris par les États ayant participé au Sommet des Chefs de Police. « Ces unités jouent un rôle important pour protéger les populations, les personnels et installations de l'ONU en effectuant des patrouilles et en menant diverses activités opérationnelles », a ajouté l'Inspecteur général.