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L'ONU souligne le « devoir de protection à l'égard de l'environnement » en temps de paix comme en temps de guerre

Vérification de la légalité du bois entreposé dans un dépôt près de Kinshasa, en République démocratique du Congo.
Flore de Preneuf / Banque mondiale / FP-DRC-4490
Vérification de la légalité du bois entreposé dans un dépôt près de Kinshasa, en République démocratique du Congo.

L'ONU souligne le « devoir de protection à l'égard de l'environnement » en temps de paix comme en temps de guerre

A l'occasion de la Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a instamment prié les gouvernements, les entreprises et les citoyens du monde entier de faire de la protection de l'environnement et de la gestion durable des ressources naturelles une priorité, pour prévenir les conflits, consolider la paix et promouvoir une prospérité durable.

Dans un message publié dimanche, le Secrétaire général a rappelé que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 mise en œuvre et ses 17 objectifs sont un plan de transformation porteur de paix, de prospérité et de dignité pour tous, sur une planète en bonne santé. « Pour atteindre cet idéal, nous devons reconnaître que nous avons un devoir de protection à l'égard de l'environnement, en temps de paix comme en temps de guerre », a-t-il déclaré, soulignant que le texte du Programme précise explicitement « qu'il ne saurait y avoir de développement durable sans paix et sans sécurité et, inversement, sans développement durable, la paix et la sécurité sont en danger ».

Pour M. Ban, une mauvaise gestion de l'environnement et des ressources naturelles peut contribuer à l'éclatement d'un conflit. Elle peut alimenter et financer des conflits existants, et accroître le risque de reprise des hostilités. « Inversement, il n'est pas rare que ces mêmes ressources naturelles servent de catalyseurs à la coopération pacifique, au renforcement de la confiance et à la réduction de la pauvreté », a-t-il souligné.

« Au lendemain d'un conflit violent, les ressources naturelles telles que la terre, le bois, les minerais, le pétrole et le gaz sont souvent la principale richesse dont les gouvernements dépendent pour offrir des moyens de subsistance et susciter une reprise économique », a dit le chef de l'ONU.

« La manière dont les gouvernements administrent ces ressources peut profondément influencer l'évolution du processus de consolidation de la paix à la suite d'un conflit », a souligné M. Ban. « C'est pourquoi il importe au plus haut point que nous travaillions ensemble pour lutter contre la criminalité environnementale, mettre fin à l'exploitation illégale des ressources naturelles, améliorer la transparence, partager les bénéfices de manière plus équitable et encourager la participation des femmes, des peuples autochtones et des groupes vulnérables à la prise de décisions ».

« Nous réalisons que l'environnement est utilisé comme une arme »

Dans un message publié à l'occasion de cette journée, les chefs de l'environnement et de l'humanitaire de l'ONU ont déclaré que les tactiques de la terre brûlée employées par Daech en Irak démontrent que l'environnement est souvent une « victime silencieuse » de la guerre.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ont alerté que des puits de pétrole ont été incendiés ces dernières semaines en Irak, donnant au ciel et au sol une couleur noire. Les deux entités de l'ONU rappellent que la destruction de l'environnement peut avoir des conséquences sur l'acheminement de l'aide humanitaire, les perspectives de reconstruction d'après-guerre, la durabilité de la paix et entraîner des migrations.

Pour le Secrétaire général de l'ONU chargé des affaires humanitaires, Stephen O'Brien, « les familles quittant Mossoul se retrouvent dans une situation urgente de besoin d'aide humanitaire et de protection. « Les nuages de poussière suffocants, les émanations toxiques émanant des puits de pétrole incendiés et des installations industrielles ajoutent à leur détresse », a affirmé M. O'Brien. « Assurer la protection de l'environnement durant les conflits est crucial à la protection de la santé humaine et pour assurer la capacité des communautés et des nations à se rétablir après les crises », a-t-il précisé.

Le PNUE et OCHA soulignent que l'environnement joue un rôle complexe dans de nombreux aspects des conflits. Au moins 40% des conflits internes sont liés à l'exploitation des ressources naturelles comme le bois d'œuvre, les diamants, le pétrole, les terres arables et l'eau. Les conflits liés aux ressources naturelles sont davantage susceptibles de reprendre après les cinq premières années suivant la signature d'un accord de la paix.

« Parmi les 65 millions de réfugiés dans le monde, nombreux d'entre eux relatent des récits liés aux crimes contre l'environnement. Les guerres commencent en raison des ressources naturelles et se perpétuent en raison des ressources naturelles., a affirmé le Directeur exécutif du PNUE, Erik Solheim. « Nous réalisons que l'environnement est utilisé comme une arme ».

Pour le chef du PNUE, la protection de l'environnement doit jouer un rôle plus important dans nos réponses aux situations de conflit et contribue à préserver les terres cultivées des bombardements, des champs de mines et de la pollution toxique. « Cela permet de garantir un système juste et inclusif pour la gouvernance et l'exploitation des ressources naturelles. Cela constitue l'assurance de vies saines pour nous, nos enfants et les générations à venir ».