Ethiopie : le HCDH demande une enquête indépendante sur les décès survenus dans la région d'Oromia
« Il y a eu de plus en plus de troubles dans plusieurs villes de la région d'Oromia, au sud-est d'Addis-Abeba, depuis dimanche dernier où de nombreuses personnes sont mortes après être tombées dans des fossés ou dans le lac Arsede alors qu'elles fuyaient apparemment les forces de sécurité », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève.
« Les manifestations ont apparemment été alimentées en partie par un manque de confiance dans la version des autorités sur les événements ainsi que des informations extrêmement divergentes sur le nombre de morts et la conduite des forces de sécurité », a-t-il ajouté.
Le HCDH a appelé les manifestants à faire preuve de retenue et à renoncer à l'usage de la violence, et a rappelé aux forces de sécurité éthiopiennes qu'elles doivent se comporter conformément au droit et normes internationaux en matière de droits de l'homme.
M. Colville a souligné la nécessité de faire en sorte que les responsables de cet incident, et de plusieurs autres survenus depuis novembre dernier impliquant des manifestations qui se sont terminées en violence, rendent des comptes.
« Au lieu de couper l'accès aux services de données mobiles dans certaines régions du pays, y compris à Addis-Abeba, nous exhortons le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour faire face aux tensions croissantes, notamment en permettant aux observateurs indépendants d'accéder aux régions d'Oromia et d'Amhara pour parler à toutes les parties et évaluer les faits », a dit le porte-parole du Haut-Commissaire.
Le 19 août dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al Hussein, a contacté le gouvernement éthiopien pour lui demander l'accès d'observateurs indépendants dans le pays pour évaluer la situation des droits de l'homme dans les régions d'Oromia et d'Amhara conformément aux obligations de l'Éthiopie en matière de droits de l'homme.
« Nous appelons à nouveau le gouvernement à nous accorder l'accès », a dit M. Colville.
Le HCDH s'est également dit préoccupé par l'arrestation de deux blogueurs, Seyoum Teshoume et Natnael Feleke, cette semaine. « M. Feleke et un de ses amis auraient été arrêtés pour avoir discuté bruyamment de la responsabilité du gouvernement pour les décès survenus au festival d'Irrecha dimanche dernier en Oromia », a indiqué le porte-parole du Commissaire faisant également état de rapports inquiétants d'arrestations massives dans les régions d'Oromia et d'Amhara.
« Nous exhortons le gouvernement à libérer les personnes détenues pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression et d'opinion », a dit M Colville. « Faire taire la critique ne fera qu'approfondir les tensions », a-t-il prévenu.