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La mécanisation durable, un énorme potentiel pour l'Afrique subsaharienne, selon la FAO

Un travailleur ajuste un attelage de tracteur à Djibo, au Burkina Faso. Des pièces de rechange doivent être disponibles pour les tracteurs.
FAO
Un travailleur ajuste un attelage de tracteur à Djibo, au Burkina Faso. Des pièces de rechange doivent être disponibles pour les tracteurs.

La mécanisation durable, un énorme potentiel pour l'Afrique subsaharienne, selon la FAO

Nourrir une population mondiale en pleine expansion nécessitera des améliorations significatives en termes de productivité agricole, surtout en Afrique, tandis que la mécanisation et des stratégies appropriées de mécanisation ont un rôle considérable à jouer, selon un nouveau rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié jeudi.

Ce rapport intitulé «La mécanisation agricole: Un intrant essentiel pour les petits exploitants d'Afrique subsaharienne» estime qu'il est primordial de travailler à ce que la mécanisation réponde aux besoins des petits exploitants agricoles et qu'elle ne requiert pas un type d'approche semblable à une «Révolution verte», qui implique de grandes quantités d'intrants agrochimiques et un labourage destructeur qui menacent la santé et la fertilité des sols.

Actuellement, les deux tiers de la puissance utilisée pour préparer les terres à des fins agricoles en Afrique subsaharienne trouvent leur origine dans la force humaine. A titre de comparaison, cette force humaine serait utilisée à hauteur de 30% pour les terres d'Asie du Sud et de 25% pour celles d'Amérique latine.

« Il ne fait aucun doute que l'association de la puissance agricole aux outils appropriés, au matériel et aux machines représente un intrant agricole essentiel en Afrique subsaharienne, avec le potentiel de transformer les vies et les économies de millions de familles rurales», a déclaré le Sous-Directeur général de la FAO, chargé de l'agriculture et de la protection des consommateurs, Ren Wang.

Afin de récolter le fruit d'une mécanisation, elle-même appelée à stimuler la productivité, en Afrique subsaharienne, il sera nécessaire de rendre disponible et accessible l'alimentation électrique en milieu agricole.

L'intensification durable de la production agricole implique la protection des sols, de larges cultures de couverture et un travail minimum du sol.

Selon Josef Kienzle, expert de la FAO et auteur principal du rapport, la mécanisation permet aux petits exploitants agricoles d'intensifier et d'élargir leurs activités agricoles, mais elle offre également l'opportunité à certains membres de la famille de trouver des emplois en dehors de la ferme et d'accroître leurs revenus. Alors que de plus en plus de jeunes africains décident de partir vers les centres urbains, la région pourrait bientôt être confrontée à un manque de main d'œuvre ainsi qu'à une hausse de la demande de nourriture en provenance des villes.

La mécanisation peut aider les personnes âgées et les agricultrices, restées en zone rurale, à subvenir à leurs besoins en matière de produits, ce qui contribuerait à améliorer la sécurité alimentaire et à atténuer le changement climatique.

Tout cela est possible si des centres de services spécialisés dans la mécanisation, issus du secteur privé et bien gérés, sont mis en place avec des services à la portée de tous. Les interventions du secteur public en faveur de ce processus devront apporter des aides spécifiques qui dépendront de la source d'énergie de la mécanisation et du type d'utilisateur.

L'objectif, a précisé M. Kienzle, est de briser le cercle vicieux au sein duquel les faibles revenus des agriculteurs conduisent à un faible potentiel d'investissement dans les semences, l'engrais et dans les machines appropriées, conduisant finalement à de maigres rendements et à un revenu encore plus faible.

Inverser la tendance permettrait d'améliorer le bien-être des familles agricoles et de faciliter l'émergence de solutions face au paradoxe de la faible demande en matière de tracteurs, qui nuit à la disponibilité des pièces détachées et du carburant, réduisant ainsi la valeur de tout investissement dans la mécanisation.

Ce changement peut s'opérer grâce aux demandes des agriculteurs. Dans le passé, de nombreuses initiatives ont échoué, avec des machines données ou subventionnées qui finissent «orphelines» en raison de l'absence de pièces détachées et de services de réparation.

Financer une mécanisation durable est un défi en soi. Alors que la plupart des technologies agricoles modernes sont aujourd'hui trop sophistiquées pour les petits exploitants agricoles africains, d'autres options existent.

Le rapport souligne que les principaux fournisseurs internationaux de machines agricoles produisent maintenant des équipements moins chers et qui conviennent plus aux pays en développement. Dans plusieurs pays, des coopératives - notamment au Bénin et au Nigéria - ont réussi à offrir des services de mécanisation à leurs membres, qui ont non seulement eu un impact économique et social positifs mais ont également bénéficié d'une participation active.