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Maldives : un expert de l'ONU préoccupé par l'adoption d'une nouvelle loi menaçant la liberté d'expression

Vue aérienne de Malé, la capitale des Maldives.
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Vue aérienne de Malé, la capitale des Maldives.

Maldives : un expert de l'ONU préoccupé par l'adoption d'une nouvelle loi menaçant la liberté d'expression

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye, a déploré mercredi une loi adoptée par le Parlement des Maldives qui pourrait limiter le droit à la liberté d'expression.

Dans un communiqué de presse, M. Kaye a averti que la « Loi sur la protection de la réputation et la liberté d'expression », qui a été adoptée le 9 août, limite le droit à la liberté d'expression à tel point que ce droit est lui-même menacé.

« Criminaliser l'expression pour des motifs vagues et imprécis comme le prévoit la loi est une attaque directe contre l'exercice du droit à la liberté d'expression aux Maldives », a déclaré M. Kaye. « La liberté d'expression est un droit fondamental et toute restriction doit être étroitement et objectivement définie ».

Selon le Rapporteur spécial, la loi criminalise tout discours jugé diffamatoire, tel que des commentaires contre « toute doctrine de l'Islam », les «menaces visant la sécurité nationale » ou la « contradiction des normes sociales communes ». Ceux qui commettent cette infraction à la loi peuvent faire face à des amendes et s'ils ne paient pas l'amende ils risquent une peine de prison entre trois et six mois.

Selon M. Kaye, cette loi aura un « fort effet dissuasif sur les médias et la société civile, rendant la couverture de l'actualité et des critiques vraiment risquée ».

Il a rappelé que bien que le droit international des droits de l'homme protège les individus contre la discrimination et la violence basée sur leur religion ou leurs convictions, il ne protège pas les critiques ou commentaires contre la religion ou les convictions.

L'expert s'est dit prêt à participer à des discussions avec les autorités des Maldives et espère que le Président annulera la décision en renvoyant la loi au Parlement pour un examen plus approfondi en consultation avec des institutions indépendantes, des journalistes, des organisations de la société civile et des défenseurs des droits humains.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la liberté de réunion pacifique et d'association, Maina Kiai, et le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits humains, Michel Forst, qui partagent cette préoccupation, ont co-signé avec M. Kaye une lettre envoyée aux autorités des Maldives détaillant leurs préoccupations concernant la loi.