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Soudan du Sud : le Conseil de sécurité appelé à imposer un embargo sur les armes et des sanctions ciblées supplémentaires

Des déplacés internes du site de protection des civils à Juba, Soudan du Sud, se protège et cherche refuge devant les combats intenses entre l'APLS et l'APLS/EO. Photo ONU/Eric Kanalstein
Des déplacés internes du site de protection des civils à Juba, Soudan du Sud, se protège et cherche refuge devant les combats intenses entre l'APLS et l'APLS/EO. Photo ONU/Eric Kanalstein

Soudan du Sud : le Conseil de sécurité appelé à imposer un embargo sur les armes et des sanctions ciblées supplémentaires

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a appelé mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU à envisager de toute urgence l'imposition d'un embargo sur les armes au Soudan du Sud et l'adoption de sanctions ciblées supplémentaires contre les dirigeants et responsables qui entraveraient la mise en œuvre de l'Accord de paix.

« La situation actuelle dans le pays reste fluide et incertaine », a résumé M. Ladsous, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan du Sud. Il a rappelé qu'un cessez-le-feu avait été déclaré par le Président Salva Kiir, le 11 juillet au soir, avant d'être « apparemment » approuvé par le Premier Vice-Président Riek Machar. Le Secrétaire général adjoint a indiqué que le cessez-le-feu semblait être pour l'instant respecté dans la capitale Juba. Il a précisé que l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS), du Président Salva Kiir, semblait être en plein contrôle de la ville à l'heure actuelle.

M. Ladsous a souligné que la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) avait profité de cette accalmie pour réaliser des « patrouilles limitées » dans la capitale, afin d'évaluer la situation sécuritaire. A cette occasion, a-t-il ajouté, la MINUSS a constaté que les deux bases de cantonnement de l'APLS dans l'opposition, du Vice-Président Riek Machar, situées à l'ouest des montagnes de Jebel, avaient été désertées.

Tout en se félicitant de la cessation des hostilités, le Secrétaire général adjoint a appelé le gouvernement à garantir la liberté de mouvement et d'accès de la MINUSS et des acteurs humanitaires, afin qu'ils puissent fournir une assistance vitale à la population civile.

« Ce matin, nos partenaires humanitaires estimaient qu'au moins 42.000 civils avaient été déplacés par les combats à Juba. Sept milles d'entre eux ont trouvé refuge dans les deux camps de la MINUSS [à Juba] et les 35.000 restants se sont abrités dans le camp du PAM [Programme alimentaire mondiale de l'ONU], le camp des ONG et plusieurs églises de la ville », a indiqué M. Ladsous.

Il a ajouté que, selon un premier bilan fourni par le gouvernement, au moins 272 personnes ont été tuées dans les combats, dont 33 civils. « Je suis convaincu, cependant, que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, compte tenu des rapports alarmants au cours des derniers jours indiquant que des civils ont été empêchés de se mettre en lieu sûr, y compris d'atteindre les camps de l'ONU », a estimé le Secrétaire général adjoint.

Il a par ailleurs ajouté que « le caractère sacré » des locaux des Nations Unies avait été violé. « Il est totalement inacceptable de penser que les parties au conflit instrumentaliseraient les sites de protection des civils [de l'ONU] », a-t-il dit. Il a précisé qu'au moins huit personnes étaient mortes et que plusieurs autres avaient été blessées dans et autour des sites de la MINUSS, en plus des deux soldats de la paix et du membre du personnel de l'ONU morts dans les combats.

« Nous restons extrêmement préoccupés par une possible reprise de la violence, qui risquerait de s'étendre à d'autres parties du pays, comme cela a été le cas par le passé », a déclaré M. Ladsous, précisant que, le 11 juillet, des combats ont eu lieu dans plusieurs villes en dehors de la capitale.

Estimant que seule une « approche politique et coordonnée forte » pourrait permettre de sauvegarder le processus de paix, il a jugé qu'une action concertée de la part des 15 membres était nécessaire. « Le Conseil de sécurité doit réexaminer de toute urgence [la possibilité d'imposer] un embargo sur les armes », a-t-il dit, déclarant que, de toute évidence, la menace d'un embargo n'était pas suffisamment dissuasive. Le Secrétaire général adjoint a également demandé au Conseil d'adopter « immédiatement » des sanctions ciblées supplémentaires contre les dirigeants et les commandants qui entraveraient la mise en œuvre de l'Accord de paix.

« En outre, si la Mission doit être renforcée pour remplir notre mandat de protection des civils, y compris au moyen de troupes supplémentaires et de capacités plus robustes, tels que des hélicoptères de combat et des drones, il est impératif que ces renforts agissent sous le même mandat que les autres troupes et répondent à la même chaîne de commandement », a estimé M. Ladsous.