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Contrairement aux idées reçues, les robots ne remplacent pas les travailleurs qualifiés, selon l'OIT

Le robot Nono-Y a été l'un des moments forts de la Foire des inventions de Genève (archives).
OMPI / Emmanuel Berrod (archive)
Le robot Nono-Y a été l'un des moments forts de la Foire des inventions de Genève (archives).

Contrairement aux idées reçues, les robots ne remplacent pas les travailleurs qualifiés, selon l'OIT

Le recours généralisé aux robots dans l'économie tend à accroître la productivité des travailleurs hautement qualifiés plutôt qu'à les remplacer, indique une nouvelle étude de l'Organisation internationale du travail (OIT), publiée jeudi, précisant toutefois que les emplois peu qualifiés sont particulièrement menacés par ces technologies.

« L'une des principales conclusions du rapport est que les technologies de pointe, telles que la fabrication additive, la robotique et l'Internet des objets, offrent un potentiel considérable en termes de croissance et d'emploi », a déclaré l'OIT dans un communiqué de presse.

Menée par le Bureau des activités pour les employeurs de l'OIT, cette étude analyse l'incidence de la technologie sur les lieux de travail dans les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), ainsi que les changements auxquels les entreprises et les travailleurs devront faire face au cours des 10 prochaines années.

Intitulé 'L'ASEAN en pleine transformation : Comment la technologie change les emplois et les entreprises', le rapport se fonde sur des enquêtes auprès de plus de 4.000 entreprises et 2.700 étudiants. Il se focalise sur les secteurs suivants : automobile et fabrication de pièces détachées automobiles ; appareils électriques et électroniques ; textile, habillement et chaussure ; externalisation des activités des entreprises ; et commerce de détail.

Le rapport de l'OIT indique tout d'abord que l'ère de la robotique est déjà une réalité pour les industriels des pays de l'ASEAN, qui font de plus en plus appel à l'automatisation pour améliorer la productivité, la qualité, la régularité et la sécurité sur le lieu de travail.

Plus important encore, le rapport affirme que le recours généralisé aux robots n'est pas systématiquement synonyme de réaffectation des emplois, affirme le rapport. « Les tendances actuelles indiquent que le développement de robots centrés sur l'humain et sur la collaboration homme-machine tend à accroître la productivité des travailleurs hautement qualifiés, plutôt qu'à les remplacer », a précisé l'OIT.

Toutefois, le rapport ajoute que, dans les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre, comme le textile, l'habillement et la chaussure, qui fournit plus de 9 millions d'emplois dans les pays de l'ASEAN, pour la majorité occupés par de jeunes femmes, la situation est différente. « Les emplois peu qualifiés sont particulièrement menacés par les technologies qui marquent une rupture avec les modes de fonctionnement traditionnels, comme la fabrication additive et l'automatisation », affirme l'étude.

Le rapport ajoute que cette tendance pourrait entraîner une baisse des exportations à mesure que certains marchés de destination en Europe et aux Etats-Unis rapatrient la production, et avoir des conséquences particulièrement importantes au plan social pour des économies de l'ASEAN telles que le Cambodge et le Viet Nam.

Le rapport attire l'attention sur le fait que, si les suppressions massives d'emplois ne sont pas encore à l'ordre du jour, les pays de l'ASEAN auront de plus en plus recours à des technologies visant à remplacer principalement les emplois peu qualifiés, à mesure que leurs coûts diminuent et que les innovations deviennent accessibles aux petites entreprises également. Le rapport estime qu'environ 56% de tous les emplois salariés au Cambodge, en Indonésie, aux Philippines, en Thaïlande et au Viet Nam pourraient, au cours des vingt prochaines années, être gravement menacés par des risques de délocalisation due aux progrès technologiques.

« Les pays qui tendent à placer la concurrence sur le terrain de la main-d'œuvre bon marché doivent se repositionner », a par conséquent expliqué la Directrice du Bureau des activités pour les employeurs de l'OIT, Deborah France-Massin. « L'avantage en termes de prix ne suffit plus. Les décideurs doivent établir un environnement propice davantage axé sur l'investissement dans le capital humain, la recherche et le développement, et la fabrication de produits à valeur élevée », a-t-elle dit.