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Soudan du Sud : l'ONU reconnait des dysfonctionnements dans la gestion des incidents de février à Malakal

Des femmes déplacées sont assises sur les cendres de leur abri qui a été brûlé pendant des combats et incendies, les 17 et 18 février 2016, dans le site de protection des civils de l'ONU à Malakal, au Soudan du Sud. Photo : OCHA / Guiomar Pau Sole
Des femmes déplacées sont assises sur les cendres de leur abri qui a été brûlé pendant des combats et incendies, les 17 et 18 février 2016, dans le site de protection des civils de l'ONU à Malakal, au Soudan du Sud. Photo : OCHA / Guiomar Pau Sole

Soudan du Sud : l'ONU reconnait des dysfonctionnements dans la gestion des incidents de février à Malakal

Des dysfonctionnements au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ont contribué à l'escalade des violences meurtrières qui ont éclaté dans un de ses sites en février dernier, indiquent les conclusions préliminaires d'une commission d'enquête de l'ONU, rendues publiques mardi.

Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a annoncé mardi soir dans une note à la presse la fin de l'enquête ouverte par l'ONU sur les incidents survenus les 17 et 18 février derniers dans le site de protection des civils de la MINUSS à Malakal, aux cours desquels au moins 30 personnes déplacées avaient été tuées et 123 autres blessées.

« L'enquête a identifié les facteurs suivants comme ayant contribué aux attaques : des disputes territoriales historiques et profondément enracinées, le décret de subdivision du pays en 28 Etats et le décret administratif de l'Etat du Nil oriental du 1er février destituant les fonctionnaires Shilluk et Nuer », a déclaré M. Dujarric.

Le porte-parole a ajouté que, selon les conclusions de l'enquête, la tentative par deux soldats de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) de faire entrer illégalement dans le site des munitions, le 16 février 2016, a été la cause directe de l'éclatement des violences. L'enquête a également conclu que des éléments armés externes, dont certains en uniforme de la SPLA, sont entrés dans le site de protection des civils durant ces incidents et ont pris part aux violences meurtrières qui ont conduit à la destruction partielle du site.

« L'équipe d'enquête a demandé au gouvernement de transition d'unité nationale qu'il procède à l'arrestation des responsables de ces violences », a indiqué M. Dujarric, ajoutant qu'un certain nombre de recommandations visant à prévenir de telles attaques à l'avenir ont aussi été formulées à l'attention du gouvernement et des acteurs régionaux et internationaux, y compris l'ONU.

Outre cette enquête sur les faits, une commission d'enquête de l'ONU spécialement mandatée pour évaluer la réponse de la MINUSS à ces violences est sur le point de finaliser ses travaux, a déclaré le Porte-parole, précisant que les conclusions préliminaires de la commission d'enquête ont mis en lumière certains dysfonctionnements.

« Concernant la réponse de la MINUSS, en particulier, il y a eu des confusions au niveau du commandement et des directives régissant l'emploi de la force, ainsi qu'un manque de coordination entre les différents personnels de l'ONU en civil et en uniforme à Malakal durant la crise », a-t-il indiqué.

Selon M. Dujarric, la commission d'enquête a également mentionné qu'il existait des « attentes irréalistes » quant au niveau de protection que la MINUSS pouvait fournir aux 48.000 personnes déplacées à Malakal au moment de l'incident.

« Le siège de l'ONU examine un certain nombre de recommandations formulées par la commission afin d'éviter que de tels incidents ne se reproduisent, y compris un examen de la notion de sites de protection des civils et de la performance des pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police », a déclaré le porte-parole du Secrétaire général.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déclaré jeudi que l'Organisation prenait « très au sérieux le fait que la commission d'enquête ait signalé une réponse inadéquate par certains de nos membres sur le terrain ».

« Il y a eu une absence de réactivité de la part de certains et un manque de compréhension des règles d'engagement », a-t-il ajouté lors d'un point de presse après des consultations à huis-clos avec le Conseil de sécurité.

M. Ladsous, ainsi que le Secrétaire général adjoint à l'appui aux missions, Atul Khare, et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Stephen O'Brien, ont informé les membres du Conseil sur la situation concernant les sites de protection des civils qui existent depuis deux ans au Soudan du Sud.

Hervé Ladsous a souligné « qu'il n'y avait pas de doute qu'à l'époque, nous avons pris la bonne décision de prendre avec nous ces personnes, nombre d'entre elles seraient mortes si nous ne l'avions pas faits. Mais personne ne s'attendait à ce que la crise (au Soudan du Sud) continue aussi longtemps et que nous aurions encore ce nombre élevé (de personnes) dans nos sites de protection ».