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Iraq : l'UNESCO condamne la destruction du temple Nabû, à Nimroud

Le site archéologique de Nimroud, en Iraq. Photo : UNESCO
Le site archéologique de Nimroud, en Iraq. Photo : UNESCO

Iraq : l'UNESCO condamne la destruction du temple Nabû, à Nimroud

La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a condamné la destruction du temple Nabû, à Nimroud, en Iraq, rappelant que la destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre.

« La destruction récente du temple Nabû est une nouvelle attaque délibérée contre le peuple iraquien et contre les valeurs partagées de l'humanité », a affirmé Mme Bokova dans un communiqué de presse publié lundi. « Je condamne fermement ce nouveau crime, et je réaffirme la détermination de l'UNESCO à faire tout ce qui sera nécessaire pour apporter notre aide aux autorités nationales, aux experts et aux communautés locales, dans leur effort pour protéger leur patrimoine contre le nettoyage culturel qui dévaste la région. Les extrémistes ne peuvent pas faire taire l'histoire et leurs tentatives pour effacer la mémoire de cette région ne peuvent qu'échouer ».

« La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre et elle doit être punie comme tel », a ajouté Mme Bokova.

Les images satellites collectées le 3 juin 2016 et les informations des autorités confirment les lourds dommages infligés au Temple Nabû. Ces nouveaux dégâts font suite à la destruction complète du palais nord-ouest d'Assurnazirpal II et des sculptures de pierre de l'ère néo-assyrienne, le 6 mars 2015, ainsi qu'aux ravages des bulldozers et des explosifs infligés au site le 11 avril de la même année.

La ville de Nimroud a été fondée il y a plus de 3.300 ans et elle fut l'une des capitales de l'Empire Assyrien. Elle a été inscrite par l'Iraq en 2000 sur sa liste indicative nationale du Patrimoine Mondial de l'UNESCO en témoignage de la profondeur de l'histoire ancienne de la Mésopotamie et de l'Iraq.

A l'occasion d'une visite officielle à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, Irina Bokova a rencontré mardi la Présidente de la Cour, Silvia Fernandez de Gurmendi, et le Procureur adjoint James Stewart, pour rechercher des modalités de renforcement de la coopération sur la protection du patrimoine culturel et la lutte contre l'impunité des crimes de guerre.

« L'UNESCO et la CPI ont parcouru un long chemin ensemble, pour renforcer le rôle de la loi et pour transformer les mentalités à propos de la destruction du patrimoine culturel, et nous sommes déterminés à aller plus loin, pour mettre fin à l'impunité de la destruction délibérée du patrimoine culturel », a déclaré Mme Bokova.

« Le cas du Mali envoie un fort signal en montrant que les criminels doivent faire face aux conséquences de leurs actes, et que nous sommes déterminés à créer un modèle de responsabilité pour de tels crimes de guerre », a dit Mme Fernandez de Gurmendi

Immédiatement après les attaques délibérées contre le peuple et le patrimoine du Mali, l'UNESCO a attiré l'attention de la Cour sur la question de la destruction des Mausolées. Le 1er juillet 2012, la Procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a considéré cette destruction comme un crime de guerre d'après le Statut de Rome et lancé un examen préliminaire sur les violences qui ont frappé le pays depuis janvier 2012. Le premier suspect, Ahmed al-Faqi al-Mahdi, a été transféré à La Haye par les autorités du Mali et du Niger le 26 septembre 2015.

Selon l'UNESCO, le cas du Mali est un précédent historique dans la lutte contre l'impunité, il reconnaît le rétablissement de la justice et le rôle de la loi comme des facteurs essentiels du processus de reconstruction. Il servira de jurisprudence pour les cas similaires à l'avenir, et c'est la raison pour laquelle il est vital que tous les aspects du procès soient traités avec beaucoup de soin et de sens de la justice.

« La destruction de la culture fait partie intégrante d'une stratégie plus globale de haine, et la lutte contre l'impunité et pour le respect de la loi doit s'inscrire dans une vision plus large pour la paix », a dit la Directrice générale de l'UNESCO. « Cela demande une coordination plus dense entre tous les partenaires qui travaillent dans différents domaines et entre les champs sécuritaires, humanitaires et culturels. La coopération entre l'UNESCO et la CPI joue un rôle primordial à cet égard ».