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Algérie : un expert de l'ONU juge nécessaire davantage d'efforts en matière de santé publique

Le Conseil des droits de l'homme à Genève.
Le Conseil des droits de l'homme à Genève.

Algérie : un expert de l'ONU juge nécessaire davantage d'efforts en matière de santé publique

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, Dainius Puras, a félicité mardi les progrès des autorités algériennes pour améliorer la situation sanitaire dans le pays par le biais d'un engagement soutenu à la politique de santé publique, mais a appelé à davantage d'efforts pour garantir que personne ne soit laissé de côté.

« Même dans le contexte actuel de crise financière, l'Algérie a maintenu un bon niveau d'investissement dans le secteur de la santé », a déclaré l'expert indépendant à l'issue d'une visite officielle dans le pays. « Mais le droit à la santé est plus large que cela, et chaque réalisation implique de nouveaux défis ».

Il a exhorté les autorités algériennes à s'assurer que les principes de non-discrimination, d'égalité, de participation et de responsabilisation soient la base d'une approche de 'santé dans toutes les politiques', et de mettre en place les mécanismes pour garantir la bonne gouvernance du secteur de la santé.

Le secteur de la santé en Algérie a été développé avec un accent sur la garantie de l'accès gratuit aux soins de santé. « Cependant, il existe des défis importants liés à l'accès équitable et la qualité des services, et à un accent excessif sur les soins hospitaliers au détriment des soins primaires, la promotion de la santé et la prévention», a déclaré l'expert.

Lors de sa visite, M. Puras a examiné des questions telles que la violence et la santé mentale, ainsi que la situation de certains segments de la population, y compris les femmes, les adolescents et les jeunes, les personnes vivant avec le VIH/sida, les toxicomanes, les migrants et les réfugiés, et les personnes handicapées.

L'Algérie a de nombreux cadres pour la protection et la promotion des femmes. Cependant, leur mise en œuvre mérite une plus grande attention. M. Puras a fait particulièrement référence aux taux élevés de mortalité maternelle et néonatale; aux importants obstacles à la réalisation des droits de santé sexuelle et reproductive; et à la prévalence de la violence contre les femmes, y compris la violence domestique. « Tout cela représente un sérieux défi pour les femmes en Algérie pour réaliser pleinement leur droit à la santé », a-t-il averti.

Il a également noté que les services de santé pour les adolescents restent insuffisants et ne répondent pas à leurs besoins, en particulier ceux liés à la sexualité, ainsi que l'accès à l'éducation et aux informations complètes et adaptées à l'âge en matière de santé sexuelle et reproductive.

L'expert a félicité l'Algérie d'avoir mis en place des programmes de lutte contre le VIH/sida et d'assurer l'accès au traitement pour les populations clés, y compris les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues, et les migrants. Il a cependant appelé à des efforts concertés pour atteindre les populations qui font toujours face à de sérieux obstacles, à la stigmatisation et à la discrimination, à la fois en droit et dans la pratique, et évitent d'utiliser les services de santé.

S'agissant des soins de santé mentale, l'expert a estimé que ce secteur était « encore excessivement tributaire des hôpitaux psychiatriques, avec un nombre inférieur de services intégrés dans le système de soins de santé communautaire et général ».

M. Puras, qui a visité le pays sur invitation des autorités algériennes, a rencontré des représentants du gouvernement, des membres du Parlement, des médecins et des représentants d'organisations internationales, des partenaires au développement et de la société civile. Au cours de sa mission de deux semaines, il a visité des établissements de santé, des centres de santé mentale et des écoles à Alger, Blida, Djelfa, Sétif, Tipaza et Oran.