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Centrafrique : le nouveau Parlement entre en fonction après des élections réussies avec le soutien de l'ONU

A Bangui le 14 février 2016, un agent électoral (à droite) aide une électrice dans un bureau de vote lors du second tour de l'élection présidentielle en République centrafricaine. Photo ONU/Nektarios Markogiannis
A Bangui le 14 février 2016, un agent électoral (à droite) aide une électrice dans un bureau de vote lors du second tour de l'élection présidentielle en République centrafricaine. Photo ONU/Nektarios Markogiannis

Centrafrique : le nouveau Parlement entre en fonction après des élections réussies avec le soutien de l'ONU

Le plus haut responsable des Nations Unies en République centrafricaine a rencontré la semaine dernière la nouvelle Assemblée nationale, qui a pris ses fonctions après une série d'élections qui se sont déroulées avec succès grâce au soutien des Casques bleus onusiens déployés dans le pays.

Selon Parfait Onanga-Anyanga, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies dans le pays, la contribution de la MINUSCA a été cruciale pour le succès de ce processus électoral.

« Nous avons travaillé main dans la main avec les autorités de transition, les autres partenaires internationaux clés du G8-RCA et toute la famille des Nations Unies dans le pays », a dit M. Onanga-Anyanga. Le G8-RCA est un groupe qui comprend des représentants de l'ONU, de l'Union africaine, de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, de l'Union européenne, de la France, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), des États-Unis, et de la Banque mondiale.

« Le plus important a été la mobilisation massive de la population centrafricaine », a-t-il ajouté.

L'Assemblée nationale nouvellement élue a ouvert sa première session extraordinaire dans la capitale Bangui, le 3 mai, avec 128 des 140 membres du parlement. Les 12 parlementaires restants seront élus lors d'élections partielles prévues le 15 mai.

La séance d'ouverture a eu lieu un mois après l'investiture du Président Faustin Archange Touadéra, le premier dirigeant élu dans le pays depuis mars 2013, lorsqu'un coup d'Etat des rebelles Séléka a renversé le gouvernement de l'ancien président François Bozizé. Le coup d'Etat a déclenché des combats qui ont tué des milliers de personnes et forcé un cinquième de la population du pays à fuir, provoquant des divisions au sein des communautés sur des critères ethniques et religieux.

La situation en République centrafricaine aujourd'hui est très différente de celle de 2013, mais il reste beaucoup à faire. Les Casques bleus de la MINUSCA ont joué un rôle clé en aidant la République centrafricaine à retrouver une plus grande stabilité politique, en aidant à planifier les élections mais aussi à transporter les bulletins de vote et à sécuriser les bureaux de vote.

Préparatifs pour les élections

La MINUSCA a été créée en 2014 pour protéger les civils et soutenir le gouvernement de transition. Lorsque le Conseil de sécurité de l'ONU a renouvelé le mandat de MINUSCA pour une année supplémentaire en avril 2015, l'un des rôles des Casques bleus a été de soutenir les autorités de transition, dirigées par l'ancienne maire de Bangui Catherine Samba-Panza, et l'Autorité électorale nationale (AEN) à organiser des « élections présidentielle et législatives libres, justes, transparentes et inclusives ». Il y a eu ainsi un référendum constitutionnel le 13 décembre et des élections présidentielle et législatives fin décembre, en février et en mars.

Autour du 9 décembre, les premiers transports aériens de matériel électoral, notamment de bulletins de vote pour le second tour de la présidentielle et pour les élections législatives, sont arrivés à l'aéroport Mpoko de Bangui.

La MINUSCA a transporté ces documents et équipements sensibles dans les bureaux de vote de la capitale. La Mission a également déployé des documents électoraux, ainsi que des travailleurs électoraux, dans cinq des 16 préfectures.

« Compte tenu des conditions dans le pays, nous avons dû transporter par voie aérienne plus de 350 tonnes de matériel électoral en coordination avec les autorités nationales », a déclaré Alain Nkanga, un agent électoral de la MINUSCA impliqué dans la logistique. « Je me souviens que pour le référendum lorsque nous avons reçu les bulletin de vote, c'était quatre jours avant les élections. En principe, il est très difficile de déployer beaucoup de matériel en seulement quatre jours, y compris pour les villages éloignés. Mais grâce à la bonne coopération avec le gouvernement, ce défi a été surmonté ».

L'ONU a apporté son aide pour que non seulement les citoyens de la République centrafricaine dans le pays puissent voter, mais également ceux qui ont trouvé refuge au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo et en République du Congo.

En conséquence, le taux de participation pour le premier tour de l'élection présidentielle au sein de la population réfugiée enregistrée a été de 61%, tandis que le taux de participation pour le second tour a été de 40%.

Pour tous les électeurs, il y a eu des efforts de sensibilisation concernant les élections et l'importance du vote.

Dans la ville d'Ippy, dans le comté d'Ouaka, une habitante, Madina Dia, a ainsi aidé à organiser un atelier avec le soutien de la MINUSCA. Des dizaines de personnes ont participé, dont des représentants des autorités et des communautés locales ainsi que des chefs religieux, des jeunes et des femmes.

« Pour que les élections se déroulent bien, nous devons encourager la population à voter en masse », a expliqué Mme Dia.

L'atelier a également porté sur le rôle que jouent les médias pendant les élections, notamment comment ils aident à expliquer le processus et renforcent les messages de paix et de cohésion sociale, selon un participant, Mathurin Lakara.

Le premier tour des élections

Le 30 décembre 2015, après trois jours de retard, des soldats et des policiers de la MINUSCA, ainsi que des membres de la force française Sangaris et des forces de sécurité locales ont participé à la sécurisation du scrutin.

Dans tout le pays, plus de 62% de la population inscrite a voté aux premiers tours des élections présidentielle et législatives.

« J'ai voté parce que j'ai souffert assez longtemps. Les Centrafricains ont beaucoup souffert. Nous devons voter! C'est de notre devoir civique, en tant que citoyens », a déclaré un électeur interrogé par la radio Guira FM de la MINUSCA.

Une autre électrice a dit qu'elle avait attendu pendant un certain temps, mais qu'elle était déterminée à déposer son bulletin de vote. « Cela ne m'a même pas découragé parce que l'avenir de mon pays est en jeu. C'est mon devoir. Je dois voter », a-t-elle dit.

Comme aucun des 30 candidats à la présidentielle n'a atteint le seuil requis de 50% des voix, un deuxième tour a été organisé.

Visitant des bureaux de vote, M. Onanga-Anyanga a déclaré qu'en votant les gens ont montré qu'ils voulaient un processus électoral « pacifique et absolument transparent ». « Ces gens veulent avancer », a-t-il ajouté. « Ces gens veulent tourner la page »

Ces scrutins ont été précédés par un référendum le 13 décembre, prolongé jusqu'au 14 décembre, pour un projet de nouvelle constitution qui limiterait les futurs présidents à deux mandats de cinq ans. Le référendum a été adopté avec 93% des voix.

Le second tour des élections

Le 6 février, les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle, Anicet-Georges Dolonguele et Faustin Archange Touadéra, ont officiellement lancé leurs campagnes.

Les deux candidats ont réitéré auprès de la MINUSCA leur adhésion au Code de conduite électoral et leur engagement à des campagnes électorales pacifiques.

Après le scrutin du 14 février, le Président Touadéra a été investi le 30 mars, lors d'une cérémonie à Bangui à laquelle a participé le chef du maintien de la paix des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint Hervé Ladsous, et d'autres représentants de la communauté internationale.

« Aujourd'hui, la situation, que nous avons attendue pendant trois ans, est un symbole décisif du retour de la République centrafricaine sur la voie du progrès, du développement et de la réconciliation », a déclaré M. Ladsous.

« Nous voulons que ce Président mette fin à la crise que nous avons traversons depuis longtemps maintenant », a déclaré un spectateur lors de la cérémonie d'investiture du Président Touadéra à la radio Guira FM.