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Thaïlande : l'ONU s'inquiète du rôle croissant de l'armée au sein du gouvernement

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s'exprime lors de la 31ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s'exprime lors de la 31ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Thaïlande : l'ONU s'inquiète du rôle croissant de l'armée au sein du gouvernement

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est déclaré inquiet vendredi du rôle croissant de l'armée au sein de l'administration civile thaïlandaise, alors que le pays se prépare à adopter le projet final de Constitution.

Selon le Haut-Commissaire, plusieurs personnes critiques du projet de Constitution ont déjà été arbitrairement arrêtées, détenues et harcelées depuis que le texte a été rendu public à la fin mars.

Mardi, cinq défenseurs des droits humains ont été emmenés dans une prison militaire pour avoir participé à un rassemblement pacifique contre les restrictions imposées par le gouvernement, mais ont depuis été libérés.

M. Zeid s'est dit inquiet d'une éventuelle intensification de la répression contre toute critique suite à des commentaires du Premier ministre et d'autres hauts responsables du gouvernement. Une nouvelle loi régissant les référendums établit des restrictions concernant les groupes et les individus plaidant pour ou contre le projet de Constitution.

Le Haut-Commissaire a estimé qu'un débat public ouvert et dynamique sur le projet de Constitution favoriserait l'unité nationale et renforcerait la légitimité de la Constitution. Il a demandé au gouvernement « d'encourager activement, plutôt que de décourager, le dialogue et l'engagement sur le projet de Constitution ». « Ce serait une étape importante dans l'établissement d'une base solide pour une démocratie durable en Thaïlande », a-t-il dit.

Depuis le coup d'Etat militaire de 2014, le gouvernement thaïlandais a décidé de renforcer le rôle de l'armée après des années de bouleversements politiques et de manifestations violentes.

« Etendre les pouvoirs de l'armée n'est pas la solution pour reconstruire le paysage politique de la Thaïlande », a déclaré le Haut-Commissaire. « Au contraire, la Thaïlande a des institutions civiles compétentes et devrait chercher à renforcer l'état de droit et la bonne gouvernance, et non pas les affaiblir ».

Le 30 mars 2016, le gouvernement militaire a décidé d'accorder à l'armée une série de pouvoirs sur un certain nombre d'infractions. Bien que le gouvernement ait déclaré que ces pouvoirs sont destinés à lutter contre le crime organisé, il est à craindre qu'ils soient utilisés contre des opposants.

En outre, le projet final de Constitution publié en mars institutionnalise le rôle de l'armée dans l'élaboration des politiques et l'application de la loi.

« En priorité, je demande au gouvernement de suspendre l'application de ces lois et ordonnances dangereuses qui ont accordé plus de pouvoir à l'armée », a déclaré M. Zeid.