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Paludisme : en vingt ans, l'Europe est passée de 90.000 cas à zéro, selon l'OMS

Le siège de l'OMS à Genève. Photo OMS
Le siège de l'OMS à Genève. Photo OMS

Paludisme : en vingt ans, l'Europe est passée de 90.000 cas à zéro, selon l'OMS

A quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2016, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé mercredi que la cible fixée en 2015, à savoir l'élimination de cette maladie, a été atteinte par la Région européenne, qui apporte ainsi sa contribution à l'objectif mondial d'« en finir définitivement avec le paludisme ».

La Région européenne est la première au monde à être parvenue à interrompre la transmission indigène du paludisme. Le nombre de cas de paludisme autochtones est passé de 90.712 en 1995 à 0 cas en 2015.

« Il s'agit d'un jalon capital dans l'histoire de la santé publique en Europe, ainsi que dans la lutte pour l'éradication du paludisme à l'échelle mondiale. J'applaudis ce succès, qui est le fruit d'un engagement politique résolu de la part de dirigeants européens, avec le soutien de l'OMS », déclare le docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l'OMS pour l'Europe.

« Aujourd'hui, nous ne fêtons pas seulement notre réussite : c'est aussi l'occasion de maintenir avec détermination le statut de zone exempte de paludisme, obtenu grâce à un travail acharné. Tant que le paludisme n'est pas éradiqué à l'échelle mondiale, des personnes voyageant à destination ou en provenance de pays d'endémie peuvent importer cette maladie en Europe, et nous devons rester à l'œuvre pour prévenir sa réintroduction », a-t-elle ajouté.

La Déclaration de Tachkent (« Passer de la lutte contre le paludisme à son élimination », 2005), approuvée par les pays de la Région touchés par le paludisme, a été un tournant pour l'élimination de cette maladie en Europe. Cette Déclaration a été annonciatrice de la nouvelle stratégie régionale de 2006-2015, qui a guidé les pays européens touchés afin de réduire à zéro le nombre de cas de paludisme indigène.

Ce succès a pu être atteint grâce à la combinaison d'un engagement politique résolu, du renforcement du dépistage et de la surveillance des cas de paludisme, d'une coordination des stratégies de lutte contre les moustiques avec la participation des communautés locales, d'une collaboration transfrontalière et d'une communication à l'intention des personnes à risque. Lorsqu'un pays n'enregistre aucun cas de paludisme acquis localement pendant au moins trois années consécutives, il remplit les conditions d'une certification officielle de l'élimination du paludisme par l'OMS.

« La Région européenne a été déclarée exempte de paludisme sur la base de la situation actuelle et de la probabilité d'un maintien de l'élimination. Cela signifie que nous ne pouvons pas nous permettre de baisser notre garde face à cette maladie », conclut le docteur Nedret Emiroglu, qui dirige la division des maladies transmissibles et de la sécurité sanitaire au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. « L'expérience montre que le paludisme peut se propager rapidement, et si les pays d'Europe ne sont pas vigilants et prêts à réagir, un seul cas importé peut entraîner la résurgence du paludisme ».

Les 21 et 22 juillet 2016, l'OMS organisera sa première réunion de haut niveau sur la prévention de la réintroduction du paludisme à Achgabat (Turkménistan). Les pays européens courant un risque de réintroduction du paludisme se réuniront pour empêcher le retour de cette maladie dans la Région européenne.