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Centrafrique : l'enquête de l'ONU sur les allégations d'abus sexuels dans la préfecture de Kemo progresse

Le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric. Photo : ONU / Evan Schneider (archive)
Le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric. Photo : ONU / Evan Schneider (archive)

Centrafrique : l'enquête de l'ONU sur les allégations d'abus sexuels dans la préfecture de Kemo progresse

L'enquête de l'ONU sur les allégations d'exploitation et d'abus sexuels visant des Casques bleus et d'autres personnels non onusiens dans la préfecture de Kemo, en République centrafricaine, progresse, a déclaré lundi le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric.

« Ces incidents auraient eu lieu entre 2014 et 2015 et impliqueraient des troupes de la précédente mission sous l'égide de l'Union africaine, de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies et de l'opération française Sangaris », a déclaré M. Dujarric, lors d'un point de presse organisé à la mi-journée, au siège de l'Organisation, à New York.

Il a souligné que chaque allégation est en cours d'évaluation et traitée avec « le plus grand sérieux, qu'elle concerne l'ONU ou des forces non-onusiennes ».

Plus tôt ce mois-ci, le Chef de cabinet du Secrétaire général, Edmond Mulet, avait indiqué que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) avait reçu des informations selon lesquelles des soldats de l'Organisation et d'autres personnels non onusiens se seraient rendus coupables d'actes d'exploitation sexuelle et d'atteintes sexuelles dans la préfecture de Kemo.

M. Mulet avait alors indiqué que plus de 100 personnes auraient porté ces accusations, dont une écrasante majorité d'enfants, et qu'une enquête de l'ONU était en cours.

« A mesure que l'enquête progresse, la Mission prévoit que le nombre de victimes potentielles risque de fluctuer en fonction des recoupements de témoignages et de la vérification des faits », a déclaré aux journalistes M. Dujarric, avant de décrire précisément la chronologie des événements.

« Les incidents ont tout d'abord été rapportés à l'UNICEF [Fonds des Nations Unies pour l'enfance], qui a reçu des informations sur des cas d'exploitation et d'abus sexuels impliquant 98 femmes et filles. L'UNICEF a ensuite partagé cette information avec la Mission de maintien de la paix des Nations Unies, le 23 mars [2016]. Suite à cela, une équipe mixte composée de la MINUSCA et de l'équipe pays des Nations Unies a été déployée dans la région, du 27 mars au 4 avril, afin de recueillir plus d'information et d'évaluer les besoins des victimes. Dans son rapport d'évaluation préliminaire, cette équipe intégrée a interrogé 59 personnes, dont certains des témoignages concordent avec les incidents préalablement signalés à l'UNICEF », a expliqué le parole-parole du Secrétaire général.

Ce rapport préliminaire a été remis au Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies (BSCI), qui a prévu de dépêcher sur place, jeudi 21 avril, une équipes pour assurer le suivi des enquêtes, corroborer les rapports, confirmer le nombre des victimes et identifier les auteurs, a indiqué M. Dujarric.

L'ONU, a-t-il ajouté, est en contact avec les pays fournisseurs de contingents onusiens concernés, à savoir le Burundi et le Gabon, en vue de coordonner les processus d'enquête. L'Organisation a également pris contact avec les autorités françaises au sujet des informations reçues concernant les troupes de Sangaris.

Le parole-parole a ajouté que les victimes présumées bénéficient actuellement d'une assistance psycho-sociale et médicale de la part des agences humanitaires de l'ONU sur le terrain.

« La Mission de maintien de la paix des Nations Unies [dans le pays] et ses dirigeants restent fermement engagés à faire respecter la politique de tolérance zéro du Secrétaire général et sont déterminés à aider à traduire les auteurs en justice », a déclaré M. Dujarric.