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Une haute responsable de l'ONU appelle à mieux intégrer les femmes dans le maintien de la paix en Afrique

La Directrice exécutive d'ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Loey Felipe
La Directrice exécutive d'ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, devant le Conseil de sécurité. Photo ONU/Loey Felipe

Une haute responsable de l'ONU appelle à mieux intégrer les femmes dans le maintien de la paix en Afrique

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, la Directrice exécutive d'ONU-Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, a appelé lundi le Conseil et l'Organisation dans son ensemble à reconnaître davantage le rôle des femmes dans la prévention des conflits en Afrique et dans le monde, s'agissant notamment de la lutte contre l'extrémisme violent.

« Le rôle vital des femmes dans la prévention des conflits est de plus en plus reconnu, même s'il demeure la plupart du temps invisible », a déclaré Mme Mlambo-Ngcuka, notant que ce thème est souvent absent des discussions ayant trait à la paix et la sécurité au plus haut niveau de l'Organisation.

A titre d'exemple, la Directrice exécutive d'ONU-Femmes a mentionné les succès rencontrés par la création de centres de crise composés de femmes pour surveiller et prévenir les violences électorales dans plusieurs pays d'Afrique (Guinée Bissau, Kenya, Libéria, Mali, Sénégal, Sierra Leone et Ouganda).

« Ces mécanismes sont mis en place pendant les périodes électorales pour former et déployer des observatrices sur le terrain, recevoir et analyser des centaines de plaintes et des rapports faisant état de violence ou d'intimidation, et les porter à la connaissance des autorités compétentes pour qu'elles puissent réaliser un suivi », a-t-elle précisé.

Mme Mlambo-Ngcuka a également cité l'exemple de nombreuses femmes utilisant leur renommée à l'échelle nationale pour créer un dialogue avec les chefs des partis politiques, les responsables des forces de sécurité et les dirigeants religieux, dans le but répondre à des situations de crise particulières.

« Elles sauvent des vies et diffusent ou désamorcent des situations dangereuses. Elles soutiennent les candidats et luttent contre la discrimination des femmes dans les processus électoraux, et contre la violence sexiste et le harcèlement lors des élections », a poursuivi la Directrice exécutive d'ONU-Femmes, rappelant que les femmes jouent aussi un rôle clé dans la désescalade des tensions et la prévention de la radicalisation au sein de leurs propres familles.

Sur ce point, Mme Mlambo-Ngcuka a expliqué qu'au Mali, l'un des facteurs clés de succès pour la réintégration de nombreux ex-combattants au sein de la société a été l'engagement des femmes dans leurs familles et leurs communautés.

Dans la région du Sahel, a-t-elle ajouté, l'amélioration du revenu, du statut et de la résilience des femmes, notamment grâce à des programmes centrés sur l'inégalité entre les sexes concernant l'accès à la terre, a permis de lutter contre la radicalisation.

Dans les régions pauvres du Kenya, des organisations de femmes se consacrent à l'identification et à la prévention de la propagation de la radicalisation, a poursuivi la Directrice exécutive, précisant que les mères utilisent leur influence pour aider leurs fils et leurs pairs à résister au recrutement par des groupes armés.

Au Burundi, a-t-elle ajouté, des centaines de femmes médiatrices travaillent sans relâche pour régler les conflits locaux et empêcher une escalade des tensions.

Aux vues de ces différents exemples, Mme Mlambo-Ngcuka a insisté sur le fait que l'autonomisation des femmes contribue à la défense contre l'extrémisme violent.

La Directrice exécutive a par conséquent appelé le Conseil de sécurité à rechercher davantage la perspective et l'analyse des femmes présentes sur le terrain dans le cadre de leurs réunions d'information sur la situation des différents pays.

Elle a également appelé le Comité contre-terrorisme du Conseil à consulter plus régulièrement les organisations de femmes.

« Les membres du Conseil devraient exiger une analyse de genre solide dans leurs rapports et dans tous les efforts de prévention des atrocités », a-t-elle ajouté.

« L'engagement d'allouer au moins 15% des fonds de consolidation de la paix à l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes doit devenir une réalité. Il doit être étendu à tous les efforts visant à prévenir et lutter contre l'extrémisme violent », a-t-elle ajouté.