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Golfe du Bengale : des taux de décès de migrants trois fois supérieurs à ceux en Méditerranée en 2015, selon le HCR

Des bateaux de pêche naviguant vers la baie du Bengale. Photo HCR / S. H. Omi
Des bateaux de pêche naviguant vers la baie du Bengale. Photo HCR / S. H. Omi

Golfe du Bengale : des taux de décès de migrants trois fois supérieurs à ceux en Méditerranée en 2015, selon le HCR

Un nouveau rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), publié mardi, indique que les routes maritimes d'Asie du Sud-Est ont été trois fois plus mortelles pour les réfugiés et demandeurs d'asile que la mer Méditerranée en 2015, soulignant l'urgence d'une plus grande coopération entre les États concernés pour les opérations de sauvetage.

Intitulé « Mouvements maritimes mixtes en Asie du Sud-Est », ce rapport fournit des données chiffrées et tendances concernant les traversées de réfugiés, demandeurs d'asile et migrants dans l'océan Indien l'an dernier.

Selon l'étude, 33.600 réfugiés et migrants de diverses nationalités se sont aventurés sur des bateaux de passeurs dans la région l'an dernier, dont environ 32.600 dans la baie du Bengale et la mer d'Andaman, 700 à travers le détroit de Malacca et plus de 200 qui ont été interceptés en direction de l'Australie.

La majeure partie des 32.600 passagers dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman était des Rohingyas et Bangladeshis, indique le rapport, mettant en évidence une disparité importante entre les chiffres du premier semestre et du second semestre 2015.

« Ces chiffres dressent le tableau de deux saisons bien distinctes : la première moitié de 2015 a connu l'estimation la plus élevée du nombre de départs jamais enregistrée (31.000), tandis que la seconde moitié de l'année était beaucoup plus calme que les années précédentes (1.600 départs) », a indiqué une porte-parole du HCR, Andreas Needham, lors d'un point de presse à Genève.

Le rapport indique en outre qu'au total, le nombre de départs dans le golfe du Bengale en 2015 était à peine supérieur à la moitié du nombre de départ de l'année précédente.

« Cette diminution peut être attribuée à un certain nombre de facteurs, y compris la découverte de fosses communes le long de la frontière terrestre entre la Thaïlande et la Malaisie, contenant les restes de plus de 200 personnes qui seraient arrivées précédemment, la répression des autorités gouvernementales contre les réseaux de passeurs et le contrôle des points de départ et d'arrivée traditionnels », a précisé Mme Needham.

Ces différents facteurs, selon le rapport, ont incité les passeurs à abandonner leurs passagers en pleine mer, phénomène qui s'est soldé par « une partie de ping-pong très médiatisée », au cours de laquelle des milliers de personnes ont été sauvées en mer, puis débarquées et détenues de manière prolongée dans certains pays d'accueil.

« La saison de la mousson a suivi, ce qui réduit toujours le nombre des traversées », a également précisé la porte-parole.

En dépit de cette tendance à la baisse, le taux de décès des passagers en 2015 a été était trois fois plus élevé qu'en mer Méditerranée, indique le rapport, précisant qu'environ 370 personnes seraient mortes dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman, non pas par noyade, mais suite aux mauvais traitements des passeurs, qui ont abusé et tué des passagers en toute impunité.

« Ce bilan inclue également les personnes tuées à la suite d'affrontements pour de la nourriture sur un bateau qui avait été empêché de débarquer à deux reprises », a précisé Mme Needham, ajoutant que certains décès auraient pu être évités en autorisant plus rapidement le débarquement des passagers.

En 2015, les gouvernements de la région ont fait part de leur intention de relever ce défi régional au travers d'un certain nombre de réunions de haut niveau, note le rapport, soulignant toutefois le besoin urgent pour les Etats concernés de prendre des mesures concrètes afin de coordonner les procédures de sauvetage en mer, mettre à disposition des lieux de débarquement des passagers en toute sécurité et accueillir ces derniers de manière appropriée.

« Les personnes qui ont fui leurs domiciles et ne peuvent pas rentrer en raison d'une absence de protection doivent se voir accorder un refuge temporaire, ainsi qu'avoir accès à des droits et services de base, le temps que des solutions à long terme soient envisagées », a dit la porte-parole du HCR.

Afin de minimiser les décès en mer, le rapport de l'agence prône la mise en œuvre de voies migratoires sûres et légales, telles que les migrations de travail et les programmes de regroupement familial, notamment pour les Rohingyas déjà présents dans les pays d'accueil.

« La réunions interministérielle qui aura lieu à Bali le mois prochain sera l'occasion opportune de faire des progrès sur ces questions », a dit Mme Needham.