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La santé des femmes et des adolescentes souvent négligée dans la réponse humanitaire, selon le FNUAP

Une volontaire d'un centre de santé discute avec une femme enceinte devant chez elle au Népal. Photo UNICEF/Chandra Shekhar Karki
Une volontaire d'un centre de santé discute avec une femme enceinte devant chez elle au Népal. Photo UNICEF/Chandra Shekhar Karki

La santé des femmes et des adolescentes souvent négligée dans la réponse humanitaire, selon le FNUAP

Les besoins des femmes et des adolescentes en matière de santé sont trop souvent négligés dans la réponse humanitaire aux catastrophes naturelles et aux conflits dans le monde, alors que leur survie dépend souvent de services de santé sexuelle et reproductive de base comme les sages-femmes et la protection contre le sida, indique un rapport publié jeudi par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

Ce rapport sur la Situation de la population mondiale en 2015 « (The State of World Population 2015, montre que sur les 100 millions de personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire aujourd'hui dans le monde, environ 26 millions sont des femmes et des adolescentes en âge d'être mères.

Les services de santé sexuelle et reproductive, qui sont essentiels à la santé et à la survie des femmes et des adolescentes, sont le plus rares au moment où ils sont le plus nécessaires, constate le rapport. Aujourd'hui, trois décès maternels sur cinq se produisent dans des pays considérés comme fragiles en raison d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle. Les grossesses et les accouchements causent la mort de 507 femmes chaque jour dans ces conditions.

« La santé et les droits des femmes et des adolescentes ne devraient pas être considérées comme secondaires dans la réponse humanitaire », a déclaré le Directeur exécutif du FNUAP, le Dr. Babatunde Osotimehin. « Pour la femme enceinte prête à accoucher, ou l'adolescente qui a survécu à une agression sexuelle, ces services qui permettent de sauver des vies sont aussi cruciaux que l'eau, la nourriture et le refuge ».

Sans la protection habituelle de leur famille et de leur communauté, les femmes et les adolescentes sont plus vulnérables aux violences sexuelles, aux grossesses non désirées et aux infections transmissibles sexuellement, comme le VIH, le virus responsable du sida.

« Avoir la possibilité d'éviter une grossesse et être à l'abri des violences sexuelles sont des droits humains fondamentaux », a affirmé le Dr. Osotimehin. « Les droits ne disparaissent pas et les femmes ne cessent pas subitement de mettre des enfants au monde lorsqu'éclate un conflit ou lorsqu'une catastrophe survient ».

Du fait de la multiplicité des conflits et des catastrophes aujourd'hui dans le monde, le FNUAP fournit une part de plus en plus importante de ses services en réponse à des crises, indique le rapport. Le Fonds a dû répondre à des crises dans 38 pays en 2015.

En 2014, les Nations Unies ont eu besoin d'une somme record de 19,5 milliards de dollars pour faire face aux crises humanitaires dans le monde, mais ont été confrontées à un sous-financement record de 7,5 milliards, qui a mis en danger la santé et la vie de millions de personnes. Le FNUAP a reçu en 2015 moins de la moitié du financement nécessaire pour faire face aux besoins des femmes et des adolescentes en matière de de santé sexuelle et reproductive.

Du fait que la demande d'assistance humanitaire augmente plus vite que les disponibilités, une nouvelle approche est nécessaire, qui mette l'accent sur la prévention, la préparation et le renforcement de la résilience des nations, des communautés, des institutions et des individus. La clé de la résilience est un développement équitable et inclusif qui protège les droits humains, y compris les droits en matière de reproduction, conclut le rapport.

« Une approche classique de l'assistance humanitaire laissera trop de personnes de côté à un moment où les besoins sont considérables », a déclaré le Dr. Osotimehin. « Nous devons faire beaucoup mieux en termes d'assistance aux plus vulnérables, en particulier aux adolescentes. Mais nous devons également faire mieux en investissant dans un monde plus stable, qui soit capable de faire face aux tempêtes à venir ».