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Maintien de la paix : Ban Ki-moon s'alarme de l'étendue et de l'intensité des conflits

Des Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud surveillent un site de protection des civils à Juba. Photo ONU/JC McIlwaine
Des Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud surveillent un site de protection des civils à Juba. Photo ONU/JC McIlwaine

Maintien de la paix : Ban Ki-moon s'alarme de l'étendue et de l'intensité des conflits

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est alarmé vendredi de l'étendue et de l'intensité des conflits actuels qui rendent de plus en plus difficile pour la communauté internationale d'y mettre fin, lors d'un débat au Conseil de sécurité sur l'avenir des opérations de maintien de la paix.

« Leur coût humain, politique et financier continue de s'alourdir. Les échecs politiques aboutissent à l'insécurité, à l'injustice et à la privation pour des milliers de personnes aujourd'hui, et préparent les conflits de demain », a dit M. Ban.

Cette situation, a-t-il ajouté, conduit à déployer des missions de maintien de la paix et des opérations politiques spéciales sur un nombre croissant de théâtres et à les doter de mandats de plus en plus complexes qu'elles peinent à mettre en œuvre.

« Notre système peine face à l'ampleur des opérations et ne réagit pas toujours avec la rapidité et l'efficacité requises. Il est plus difficile de mettre un terme aux conflits et de maintenir la paix », a-t-il déploré. Face à cette situation, le Secrétaire général a appelé à mieux définir le mandat des missions et à renforcer le dialogue avec les partenaires. Il a aussi insisté sur l'importance de la prévention.

L'objectif de la réunion du Conseil de sécurité était de réfléchir au rôle qu'il peut jouer dans le renforcement des opérations de paix sur la base des recommandations faites par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d'étudier les opérations de paix et qui portent sur trois domaines spécifiques : l'engagement politique ; la conception et le déploiement des opérations ; et la revitalisation des partenariats.

Les opérations de paix des Nations Unies sont en effet des outils politiques, a relevé le Secrétaire général, en expliquant qu'une des conclusions de l'examen est que la prévention est le moyen le plus efficace d'enrayer l'inflation du coût des conflits. « C'est également le meilleur moyen de soutenir les partenaires nationaux et régionaux qui se trouvent aux avant-postes de la prévention », a-t-il dit. À cet égard, l'unité des membres du Conseil autour d'une stratégie politique commune peut se traduire par un « effet puissant ».

« Des efforts déterminés de la part des membres du Conseil pour s'unir autour d'une stratégie politique commune pour apaiser les tensions peuvent avoir un effet notable », a-t-il affirmé. « Vos déclarations publiques et vos messages privés aux parties ont une influence sur les perceptions et l'action sur le terrain. Votre implication auprès de parties prenantes régionales ou autres, ainsi que le recours, si approprié, à l'imposition de sanction, peuvent modifier les motivations de parties clefs et jouer un rôle pour réduire les flux d'armes et d'argent qui alimentent les conflits », a dit M. Ban aux représentants des Etats membres. « Votre engagement peut empêcher la propagation des conflits et renforcer l'appui accordé aux civils touchés. Cet engagement précoce est le plus efficace lorsqu'il est collectif, lorsqu'il se fait en partenariat avec des acteurs régionaux et lorsqu'il est maintenu dans la durée », a-t-il ajouté.

En outre, l'engagement du Conseil auprès du pays hôte est également déterminant pour veiller à ce qu'il remplisse ses obligations vis-à-vis des Casques bleus et du personnel civil. Le Secrétaire général a rappelé qu'il s'est engagé à fournir dès que possible au Conseil des exposés sur les situations à risques, notamment pour la population civile. Ses Représentants spéciaux sont par ailleurs encouragés à mettre l'accent sur l'état des efforts politiques en cours et à identifier « risques, défis et opportunités ».

M. Ban a ensuite indiqué que les mandats des missions de maintien de la paix devaient être mieux adaptés à un environnement spécifique et à l'évolution du conflit, tout en étant « réalistes ». Partisan d'une « approche par étapes », le Secrétaire général a estimé que les mandats élaborés de la sorte devraient permettre une meilleure interaction avec les parties. Il a annoncé son intention d'adopter une série de mesures en vue de renforcer l'analyse et la planification onusiennes au Secrétariat, sur le terrain et à travers tout le système des Nations Unies. De son côté, a-t-il dit, le Conseil a la responsabilité de veiller à ce que les Casques bleus reçoivent les équipements et moyens nécessaires pour s'acquitter de leurs mandats dans des théâtres d'opérations toujours plus complexes et dangereux. Cela suppose aussi de recourir, au besoin, à la force même si, pour M. Ban, cela ne peut se substituer à la recherche de solutions politiques.

Enfin, le Secrétaire général a souligné l'importance d'une coopération plus étroite avec les partenaires régionaux. « Nous devons institutionnaliser les consultations et le dialogue et, lorsque c'est nécessaire, collaborer à la planification et la conduite des opérations de paix, et cela commence avec l'Union africaine, notre partenaire régional le plus important à ce jour », a déclaré le Secrétaire général.