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Des expertes de l'ONU appellent la Belgique à agir sur la question des combattants étrangers

Elzbieta Karska (à gauche), qui dirige le Groupe de travail de l'ONU sur l'usage de mercenaires, et un membre de ce groupe, Gabor Rona. Photo ONU/Mark Garten
Elzbieta Karska (à gauche), qui dirige le Groupe de travail de l'ONU sur l'usage de mercenaires, et un membre de ce groupe, Gabor Rona. Photo ONU/Mark Garten

Des expertes de l'ONU appellent la Belgique à agir sur la question des combattants étrangers

A l'issue d'une mission en Belgique, deux expertes de l'ONU ont appelé vendredi ce pays à agir pour faire face aux risques posés par les combattants étrangers qui se rendent dans les zones de conflit au Moyen-Orient.

« Le nombre de combattants belges à l'étranger par habitant, qui voyagent pour rejoindre les zones de conflit à l'étranger, comme la Syrie et l'Iraq, semble être le plus élevé d'Europe », a dit Elzbieta Karska, à la tête d'une délégation du Groupe de travail des Nations Unies sur l'utilisation de mercenaires. « Il est absolument essentiel de s'attaquer à ce problème par le biais d'efforts collectifs vigoureux impliquant tous les secteurs de la société belge si l'on veut trouver des solutions à ce phénomène ».

Mme Karska et sa collègue Patricia Arias étaient en Belgique du 12 au 16 octobre afin de récolter des informations sur les activités des combattants étrangers dans le pays, dans le cadre d'une étude sur l'impact de ces combattants sur les droits de l'homme et les liens potentiels avec le mercenariat.

Selon des informations obtenues par la délégation, il y aurait 207 Belges en Syrie, 77 personnes décédées, 128 rapatriés, et 62 personnes qui ne sont pas parvenues à rejoindre l'Iraq ou ont été ramenées en Belgique. Parmi elles, 46 combattants étrangers ont fait l'objet de poursuites. Ils étaient tous en relation avec le groupe Sharia4Belgium.

Le recrutement s'effectuerait par le biais de vastes réseaux informels d'amis et de membres de la famille, ainsi que par les médias sociaux.

« Les profils des combattants étrangers sont variés, avec un âge moyen se situant aux alentours de 23 ans, une moyenne qui est en baisse », a précisé Mme Karska. « Les femmes sont également de plus en plus nombreuses à partir ».

« Les facteurs de motivation sont de nature diverse et ont, dans une certaine mesure, un caractère individuel », a-t-elle ajouté. Parmi les facteurs identifiés, il y a les convictions religieuses, des raisons humanitaires, le besoin d'un sentiment d'appartenance et d'acceptation, la recherche de moyens de subsistance, le besoin d'échapper à un passé criminel et la recherche d'aventure.

Les deux expertes se sont félicitées de plusieurs mesures prises par la Belgique aux niveaux fédéral, régional, communautaire et local, pour traiter les problèmes liés au phénomène des combattants étrangers.

« Ces initiatives sont opportunes et impératives pour veiller à ce que ce problème figure au premier rang des priorités nationales et que le discours fasse écho dans toute la société belge », affirmait Mme Karska.

Le groupe de travail recommande des mesures préventives plutôt que punitives. Il conseille au gouvernement belge d'adopter une approche basée sur les droits de l'homme et d'accorder une attention particulière à l'inclusion des communautés spécialement touchées.