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L'égalité des sexes est un outil efficace d'instauration de la paix, selon un rapport de l'ONU

En Inde, les membres d'un réseau de femmes célibataires, Ekal Nari Shakti Sangathan, qui lutte pour l'obtention du droit des veuves à vivre dans la dignité et la justice. Photo : ONU Femmes / Gaganjit Singh
En Inde, les membres d'un réseau de femmes célibataires, Ekal Nari Shakti Sangathan, qui lutte pour l'obtention du droit des veuves à vivre dans la dignité et la justice. Photo : ONU Femmes / Gaganjit Singh

L'égalité des sexes est un outil efficace d'instauration de la paix, selon un rapport de l'ONU

A la veille des quinze ans anniversaires de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU sur la participation des femmes dans les processus de paix, une nouvelle étude réalisée sous la coordination de l'ONU-Femmes démontre que l'autonomisation des femmes et l'égalité des sexes contribuent à la conclusion et à la mise en œuvre durable d'accords de paix.

Dans un communiqué de presse rendu public lundi, l'ONU-Femmes a présenté les principales conclusions d'une étude sur l'impact des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, un jour avant sa publication officielle le mardi 13 octobre 2015, journée anniversaire de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité, en 2000.

La parution de ce rapport, intitulé 'Preventing Conflict, Transforming Justice, Securing the Peace: A Global Study on the Implementation of Security Council resolution 1325', coïncidera également avec la tenue d'un débat public au Conseil de sécurité tout au long de la journée de mardi, dont le but sera de commémorer l'adoption de la résolution 1325.

Commandée par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans le cadre de l'examen en cours sur la mise en œuvre de la résolution 1325, ce rapport est le fruit de recherches « qui démontrent sans appel que l'autonomisation des femmes et l'égalité des sexes contribuent à la conclusion et à la mise en œuvre d'accords de paix et d'une paix durable par l'accélération de la reprise économique, le renforcement des efforts de protection des opérations de paix et d'aide humanitaire, et en luttant contre l'extrémisme violent », a déclaré l'ONU-Femmes.

Malgré cela, précise l'étude, le manque d'engagement dont souffre l'égalité des sexes perdure : en 2012 et 2013, seul 2% de l'aide en faveur de la paix et de la sécurité dans les États fragiles ciblait l'égalité des sexes comme objectif principal, et seul 3% du personnel militaire des missions des Nations Unies était des femmes.

« L'objectif fixé il y a cinq ans par le Secrétaire général des Nations Unies, consistant à consacrer 15% de l'ensemble des fonds destinés au maintien de la paix à des activités de renforcement de l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes n'a pas encore été atteint par les Nations Unies », a déploré l'ONU-Femmes, soulignant que cette année, le Secrétaire général a élargi cet objectif pour y inclure de nouveaux domaines menaçant la paix et la sécurité, y compris la lutte contre l'extrémisme violent.

Au cours des 15 années ayant suivi l'adoption de la résolution 1325, la proportion de femmes associées aux pourparlers de paix est restée inférieure à 10%, note également le rapport, ajoutant que les processus de dialogue et de prise de décision au niveau national dans les pays touchés par des conflits sont de manière générale dominés par « un petit groupe de dirigeants masculins ».

« Les conséquences sur la vie des femmes sont directes : plus de la moitié des décès maternels ont lieu dans des pays touchés par un conflit ou des États fragiles ; environ la moitié des enfants en âge d'aller à l'école primaire et déscolarisés vivent dans des zones touchées par un conflit ; et le taux net d'inscription des filles à l'école primaire est inférieur de 17% au taux d'inscription global », affirme l'étude, ajoutant que dans un contexte de conflit, les risques de violences sexuelles, de mariage précoce et d'infection au VIH/Sida augmentent.

À l'inverse, le rapport souligne que la participation des femmes aux négociations pour la paix augmente de 20% la probabilité de mise en œuvre durable des accords de paix sur une période d'au moins deux ans, et de 35% sur une période de 15 ans. De plus, les données de l'étude démontrent qu'il existe une corrélation entre le niveau d'égalité des sexes d'un pays et la probabilité qu'il n'ait pas recours à la force dans ses relations avec d'autres pays.

« L'égalité des sexes est donc un outil puissant dans la prévention des conflits », a déclaré l'ONU-Femmes.

Cette étude mondiale a été réalisée sous la direction de l'ancienne Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU sur le sort des enfants en temps de conflit armé et Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, Radhika Coomaraswamy. Mme Coomaraswamy a bénéficié de l'aide d'un groupe consultatif de haut niveau composé d'expertes et experts sur la question.