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La CNUCED invite les pays développés à stimuler leurs économies par une hausse des dépenses publiques et des salaires

Des grues le long du Danube, en Bulgarie (archives). Photo Banque mondiale/Scott Wallace
Des grues le long du Danube, en Bulgarie (archives). Photo Banque mondiale/Scott Wallace

La CNUCED invite les pays développés à stimuler leurs économies par une hausse des dépenses publiques et des salaires

Confrontés à une faiblesse persistante de la demande, les pays riches devraient accroître les dépenses publiques, augmenter les salaires et stimuler la demande afin de revigorer leurs économies et les mettre sur le chemin d'une croissance stable, affirme la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport annuel sur l'économie mondiale publié mardi.

Le rapport souligne l'existence d'un phénomène de « stagnation séculaire », par lequel la croissance des économies les plus avancées ralentit pendant une longue période sans rapport avec les cycles économiques normaux. Ce phénomène est connu, poursuit le texte, mais ce qui l'est moins est le fait qu'il est « essentiellement dû au déclin de la rémunération du travail salarié (d'environ 10% depuis les années 1980) et à l'inégalité croissante des revenus, qui réduisent la demande de consommation et affectent négativement l'investissement privé ».

Selon le rapport, la croissance de l'économie mondiale en 2015 devrait rester à peu près inchangée par rapport à 2014, à 2,5%, reflétant une légère accélération dans les économies développées, un ralentissement modéré dans les pays en développement et un déclin plus marqué dans les économies en transition. Ce taux de croissance est nettement inférieur à la moyenne de 4% qui prévalait dans les années précédant la crise de 2007-2008.

Le fait que la croissance dans de nombreux pays développés ne parvienne pas à retrouver ses niveaux d'avant la crise, en dépit de politiques monétaires accomodantes pendant plusieurs années, a créé ce que la CNUCED appelle une « nouvelle anomalie », indique encore le rapport.

« Dans le monde hyper financialisé d'aujourd'hui, la stimulation de l'économie repose indûment sur un accroissement de la dette et des bulles de capital et les pays sont obligés à un compromis difficile entre une croissance molle qui perdure et leur stabilité financière ». Selon le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, « huit ans après la crise financière, il est clair que le monde n'a pas trouvé comment changer de vitesse pour parvenir à un développement économique mondial inclusif et durable ».

Cependant, ajoute le rapport, « les hausses de dépenses publiques, par exemple dans le domaine des infrastructures, ont prouvé qu'elles avaient un effet multiplicateur très positif sur les économies en stagnation, par conséquent l'investissement public devrait être un instrument essentiel pour faire face à la 'stagnation séculaire' à laquelle on assiste dans les pays développés ».

En outre, « une politique progressive en matière de revenus conduit à une hausse de la demande, créant des occasions pour l'investissement privé », selon le rapport. « Une hausse des salaires réduit les pressions financières sur les systèmes de retraite et permet aux ménages d'accroître leurs dépenses de consommation sans alourdir leur dette ». A l'inverse, souligne la CNUCED, « si la 'stagnation durable' a son origine du côté de la demande, le gel des revenus du travail et la réduction des dépenses publiques peut aggraver le problème, au lieu de le résoudre ».

Le rapport prédit que la croissance se situera en 2015 autour de 1,9% dans les pays développés, contre 1,4% en 2014. Cela est dû, explique-t-il, à « une demande intérieure plus forte, la consommation des ménages étant stimulée par la baisse des prix de l'énergie et la hausse des prix dans le secteur immobilier ». La croissance de l'emploi dans certains pays, notamment l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, aura aussi été un facteur, selon la CNUCED.