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Tadjikistan : l'ONU s'inquiète de l'interdiction du seul parti islamique d'Asie centrale

Une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.
Une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.

Tadjikistan : l'ONU s'inquiète de l'interdiction du seul parti islamique d'Asie centrale

Suite à l'interdiction du seul parti islamique d'Asie centrale, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a appelé vendredi les autorités tadjikes à s'assurer que les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme soient pleinement conformes aux droits de l'homme.

« Nous sommes préoccupés par le risque croissant de violations des droits humains en lien avec la récente interdiction du Parti de renaissance islamique du Tadjikistan (PRIT), ainsi que l'arrestation et la détention de plus d'une douzaine de ses membres depuis début septembre », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève.

Selon l'agence, le 29 septembre, la Cour suprême du Tadjikistan a interdit le PRIT au motif qu'il s'agirait d'une « organisation extrémiste et terroriste ».

Cette décision a fait suite à une longue campagne de pression, d'intimidation et de répression par le gouvernement à l'encontre du PRIT, a précisé Mme Shamdasani.

Le 17 septembre, a-t-elle poursuivi, le Bureau du Procureur général a par ailleurs publié une déclaration officielle indiquant que les membres du PRIT ont été arrêtés afin de prévenir de nouveaux actes terroristes. Cette déclaration accusait le parti de former des groupes armés et de provoquer des violences, y compris une attaque perpétrée le 4 septembre contre un poste de police, qui a fait 39 morts, dont 14 policiers.

Au moins 13 membres du PRIT, y compris la direction du parti, ont été arrêtés et détenus les 16 et 17 septembre, a ajouté la porte-parole, précisant que l'avocat de la défense de plusieurs membres du PRIT, Buzurgmehr Yorov, a également été arrêté, puis inculpé de fraude et de falsification.

Le PRIT était le seul parti politique islamique légal en Asie centrale et était partie à l'accord de paix inter-tadjik de 1997.

« Nous appelons les autorités tadjikes à garantir que les mesures prises dans la lutte contre le 'terrorisme' ou 'l'extrémisme' soient pleinement conformes au droit international des droits humains, dans le plein respect des droits à la liberté de religion, d'opinion, d'expression, de réunion pacifique et d'association, de la participation aux affaires publiques et du principe de non-discrimination », a appelé la porte-parole du HCDH.

Les conditions de détention et la légalité des arrestations doivent également respecter les normes internationales pertinentes, a-t-elle ajouté.