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Yémen : deux conseillers de l'ONU s'inquiètent du silence de la communauté internationale sur le sort des civils

Le quartier de Faj Attan à Sana'a, au Yémen, est régulièrement frappé par des attaques aériennes. Photo OCHA/Charlotte Cans
Le quartier de Faj Attan à Sana'a, au Yémen, est régulièrement frappé par des attaques aériennes. Photo OCHA/Charlotte Cans

Yémen : deux conseillers de l'ONU s'inquiètent du silence de la communauté internationale sur le sort des civils

Le Conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, et la Conseillère spéciale de l'ONU sur la responsabilité de protéger, Jennifer Welsh, ont exprimé leur préoccupation sur le silence de la communauté internationale concernant le sort des civils yéménites qui sont victimes du conflit ravageant le pays.

Dans une déclaration à la presse publiée mardi, les deux conseillers estiment que les développements récents au Yémen sont susceptibles de conduire à une escalade de la violence dans le pays, en particulier si la capitale Sana'a devient le théâtre d'affrontements entre la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite et les forces houthies.

« À moins qu'il y ait un engagement sérieux des parties pour trouver une solution politique au conflit qui mettra fin à la violence et assurera l'accès humanitaire à toutes les populations sans discrimination, la situation au Yémen est susceptible de dégénérer davantage », ajoutent-ils.

Selon des estimations chiffrées de l'ONU, le conflit au Yémen a causé la mort d'au moins 2.204 personnes, blessé 4.711 autres et causé des dégâts à des hôpitaux, des écoles et des édifices religieux.

Les civils sont protégés par le droit international humanitaire et les attaques aveugles contre des civils et des biens civils peuvent constituer des crimes de guerre, ont rappelé M. Dieng et Mme Welsh. Ils se sont dit alarmés par les allégations de violations graves du droit humanitaire et des droits de l'homme, commises par les deux côtés au conflit.

Dans leur déclaration, les conseillers spéciaux se sont fait l'écho du rapport sur la situation au Yémen par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme publié le 7 septembre 2015, qui jugeait « urgent de mettre en place des enquêtes crédibles et indépendantes » pour vérifier ces allégations.

Les deux Conseillers spéciaux ont également dénoncé l'utilisation d'un langage sectaire par la branche yéménite de l'État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL) et par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), pour justifier les violations du droit international. À cet égard, ils ont exhorté les dirigeants de tous les côtés du conflit au Yémen à empêcher la manipulation des identités religieuses à des fins politiques.

Les conseillers spéciaux ont rappelé que les autorités nationales ont une responsabilité première de protéger la population yéménite. Ils ont aussi rappelé que « la communauté internationale a la responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité, et doit intensifier ses efforts pour remplir cette responsabilité collective au Yémen ».