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Myanmar : l'impact des inondations sous-estimé par les médias et donateurs internationaux, selon la FAO

L'Etat de Chin, au Myanmar, a été un des plus touchés par les inondations en août 2015. Photo : UNICEF/Mohammad Badrul
L'Etat de Chin, au Myanmar, a été un des plus touchés par les inondations en août 2015. Photo : UNICEF/Mohammad Badrul

Myanmar : l'impact des inondations sous-estimé par les médias et donateurs internationaux, selon la FAO

De violents orages, des inondations et des glissements de terrain dans la quasi-totalité des provinces du Myanmar ont porté un rude coup à l'agriculture du pays et devraient sérieusement limiter les quantité de nourriture disponibles si une aide n'est pas rapidement dispensée aux agriculteurs, a mis en garde jeudi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

« Les agriculteurs ont besoin d'une assistance d'urgence pour se relever après un mois de pluies de mousson diluviennes, exacerbées par l'arrivée du cyclone Komen fin juillet, qui a touché plus de 1,6 million de personnes et inondé environ 500.000 hectares de terres cultivées », a indiqué l'agence de l'ONU dans communiqué de presse rendu public à Rangoun, la principale ville du pays.

Les pluies torrentielles ont également balayé près de 400.000 hectares de cultures sur pied (essentiellement de riz), 15.000 hectares d'étangs d'élevage de poissons et crevettes et environ 20.000 têtes de bétail, a précisé la FAO.

« Avec la décrue, il nous faut agir sans délai pour aider les communautés rurales à se relever en leur fournissant les semences, matériels et autres intrants nécessaires pour cultiver de la nourriture, élever leurs animaux, restaurer leurs moyens d'existence et renforcer leur résilience aux chocs futurs », a déclaré la Représentante de la FAO au Myanmar, Bui Thi Lan.

« Devant l'ampleur des dégâts dont j'ai été moi-même témoin, il est à peine croyable que cette situation d'urgence soit totalement sous-estimée par les médias mondiaux et les donateurs internationaux », a-t-elle ajouté.

Selon la FAO, douze des quatorze provinces du pays sont en effet touchées, les régions du nord et de l'ouest ayant essuyé les dégâts les plus importants.

Environ 385.000 ménages ont été déplacés par les inondations et les glissements de terrain qui ont détruit des milliers de logements et de canaux d'irrigation, a déploré la FAO, ajoutant que les organismes humanitaires viennent en aide au Gouvernement du Myanmar en fournissant une assistance alimentaire, des abris, des services d'assainissement et de l'aide médicale.

« Mais de nombreuses organisations des Nations Unies souffrent d'un déficit de financement qui les empêche de réagir de façon optimale », a regretté Bui Thi Lan, ajoutant que les graves dégâts occasionnés aux routes, ponts et voies ferrées rendent les efforts de secours et de relèvement d'autant plus difficiles.

La FAO a annoncé qu'elle procède actuellement à une évaluation dans les six Etats et régions les plus durement frappés pour dresser un tableau plus précis des interventions nécessaires afin de remettre sur pied l'agriculture. Les résultats de l'évaluation seront prêts et diffusés d'ici la mi-septembre, a indiqué l'agence.

« Les agriculteurs auront en outre besoin d'une assistance pour les réparations aux infrastructures de drainage et aux abris pour animaux, tandis que les petites exploitations aquicoles dans les zones fortement touchées devront vraisemblablement être reconstituées totalement », a d'ores et déjà annoncé la FAO.

Sur ces six provinces les plus touchées par les pluies de mousson, quatre sont le théâtre, depuis juin 2012, de tensions intercommunales à répétition qui ont déplacé plus de 660.000 personnes, rendant ces régions particulièrement vulnérables aux impacts des inondations.