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L'ONU exhorte la communauté internationale à renforcer son soutien envers le Tchad

Le marché de la ville de Bol, à la périphérie du lac Tchad. Photo : OCHA / Pierre Peron
Le marché de la ville de Bol, à la périphérie du lac Tchad. Photo : OCHA / Pierre Peron

L'ONU exhorte la communauté internationale à renforcer son soutien envers le Tchad

Le Coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, Toby Lanzer, a appelé jeudi la communauté internationale à renforcer son soutien envers le Tchad, le septième plus grand pays d'accueil de réfugiés au monde, afin de l'aider à faire face aux nombreux défis humanitaires qu'il traverse actuellement.

« C'est le moment pour la communauté internationale d'accroître son soutien envers l'action humanitaire, en particulier pour les populations de la région du lac Tchad», a déclaré M. Lanzer à l'issue d'une visite de quatre jours au Tchad et dans la région, tout en ajoutant qu' « avant la crise actuelle, un quart de la population du pays avait d'ores et déjà besoin d'une aide humanitaire ».

Au cours des dernières semaines, la situation sécuritaire dans la région du lac Tchad n'a en effet cessé de se dégrader, ce qui a forcé 41.000 personnes vivant dans des îles à fuir leurs maisons pour s'installer ailleurs, indique un rapport publié récemment par l'ONU.

« Les communautés ont vécu des atrocités et des violences terribles. Des familles sont déracinées et font désormais face à une situation humanitaire très précaire », a souligné le Coordonnateur humanitaire. « Beaucoup d'entre elles ont fui leurs maisons sans même rien emporter. Les gens n'ont pas accès à l'eau potable ou à de la nourriture en quantité suffisante. Ces personnes vulnérables sont exposées aux maladies et obligées de dormir sous les arbres », a-t-il déploré.

La crise actuelle exerce une pression supplémentaire sur les ressources et moyens de subsistance déjà limités aussi bien des personnes déplacées que de leurs communautés d'accueil, a en outre expliqué M. Lanzer, ajoutant qu'à cause de l'insécurité, de nombreux agriculteurs ont été contraints de quitter leurs terres à la veille des récoltes.

« Certaines personnes ont dû fuir leurs maisons quelques semaines après avoir planté leurs cultures. La fermeture de la frontière entre le Tchad et le Nigeria empêche le commerce et perturbe les éleveurs et le bétail sur les voies migratoires ancestrales. Les pêcheurs sont également privés de leurs moyens de production », a poursuivi M. Lanzer.

Les équipes humanitaires sur le terrain aident les autorités tchadiennes à répondre aux besoins essentiels des populations touchées dans le bassin du lac Tchad. Cependant, la situation sécuritaire instable et les mouvements compliquent fortement les efforts humanitaires en cours.

Jusqu'à présent, a constaté le Coordonnateur humanitaire, seuls 35% des fonds demandés cette année pour les opérations humanitaires au Tchad ont été pourvus, sur un montant total de 572 millions de dollars.

« Faute d'un soutien financier supplémentaire d'urgence, la situation humanitaire au Tchad risque gravement de se détériorer », a averti M. Lanzer.

Plus de 750.000 personnes déplacées vivent actuellement dans le pays, dont la majorité sont des réfugiés ou des rapatriés tchadiens qui ont fui la République centrafricaine, la Libye, le Nigeria et le Soudan. L'insécurité alimentaire touche environ 2,4 millions de personnes, dont 350.000 enfants de moins de cinq ans menacés de malnutrition aigüe. Le pays souffre également d'un taux élevé de prévalence de paludisme, du choléra ou de la rougeole, tandis que le taux de mortalité maternelle est l'un des plus élevés au monde. En outre, le Tchad est souvent frappé par des catastrophes naturelles, comme les sécheresses et les inondations.