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Journée des victimes de la traite : l'ONU appelle les Etats à lutter contre l'impunité

A un poste de contrôle au Népal, des inspecteurs et un agent de police s'approchent d'un autobus suspecté d'avoir à son bord des victimes de la traite des enfants. Photo : OCHA / Tilak Pokharel.
A un poste de contrôle au Népal, des inspecteurs et un agent de police s'approchent d'un autobus suspecté d'avoir à son bord des victimes de la traite des enfants. Photo : OCHA / Tilak Pokharel.

Journée des victimes de la traite : l'ONU appelle les Etats à lutter contre l'impunité

A l'occasion de la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d'êtres humains, des hauts responsables des Nations Unies ont appelé les Etats à signer et ratifier les traités internationaux existant permettant de lutter contre cette forme moderne d'esclavage, qui touche aujourd'hui 21 millions de personnes dans le monde.

« Dans le monde entier, des criminels vendent des êtres humains à des fins lucratives. La plupart des victimes de la traite, y compris de pratiques dégradantes d'exploitation sexuelle, sont des femmes et des filles vulnérables », a déploré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans un message rendu public à l'occasion de la Journée.

Selon l'ONU, 21 millions de personnes sont victimes de l'esclavage moderne, tombés entre les mains de trafiquants dans leur pays ou à l'étranger, un phénomène qui affecte tous les pays.

« C'est souvent la promesse d'un emploi bien rémunéré qui amène les personnes à être réduites en servitude », a poursuivi M. Ban, ajoutant que les migrants qui traversent des mers dangereuses et des déserts torrides pour échapper à des conflits, à la pauvreté ou à des persécutions sont aussi susceptibles d'être victimes de la traite.

« Ils peuvent se retrouver seuls dans un territoire étranger où ils se font confisquer leur passeport, sont condamnés à s'endetter et subissent l'exploitation par le travail. Les enfants et les jeunes voient leurs vies volées, leur éducation interrompue et leurs rêves s'envoler. Leurs droits les plus élémentaires et leurs libertés fondamentales sont bafoués », a-t-il regretté.

Pour remédier à ce phénomène, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2010 le Plan d'action mondial pour la lutte contre la traite des personnes, exhortant les gouvernements à prendre des mesures concertées et concrètes pour contrer ce fléau. Et en 2013, l'Assemblée a proclamé le 30 juillet Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des êtres humains.

« J'exhorte tous les pays à lutter contre le blanchiment d'argent et à signer et ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole relatif à la traite d'êtres humains se rapportant à cette dernière », a appelé le Secrétaire général, constatant que les réseaux de trafiquants prospèrent dans les pays où l'état de droit est précaire et la coopération internationale difficile.

Une des dispositions du Plan d'action mondial est l'établissement d'un Fonds de contributions volontaires de l'ONU pour les victimes de la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants.

« Je félicite les donateurs qui ont permis au Fonds de contributions volontaires des Nations Unies en faveur des victimes de la traite des personnes de venir en aide à des milliers de personnes. Je tiens cependant à souligner que des contributions plus élevées sont nécessaires pour pouvoir aider les millions d'autres victimes de ce crime à aller de l'avant », a insisté M. Ban.

Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov, s'est joint au Secrétaire général dans son appel à l'adoption par les Etats des instruments juridiques internationaux existants pour lutter contre ce fléau.

Dans un communiqué de presse rendu public à Vienne, en Autriche, M. Fedotov a par ailleurs insisté sur la nécessité de poursuivre les criminels et de les traduire en justice.

« Dans les dernières décennies, nous n'avons pas constaté d'amélioration significative de la réponse juridique globale à ce crime », a-t-il déploré, ajoutant que 40% des pays font état de moins de 10 condamnations par an pour des crimes liés à la traite.

« Cela illustre un niveau d'impunité inacceptable et souligne le fait qu'à l'heure actuelle, les trafiquants ne sont pas inquiétés », a déclaré le Directeur de l'ONUDC, tout en appelant les gouvernements à inverser cette tendance.