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Bosnie : la Russie bloque une résolution sur Srebrenica au Conseil de sécurité

Lors d'une visite en juillet 2012 au mémorial pour les victimes du massacre de 1995 à Srebrenica, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon (dos à la caméra) se réunit avec des familles de victimes. Photo : ONU / Eskinder Debebe (archives)
Lors d'une visite en juillet 2012 au mémorial pour les victimes du massacre de 1995 à Srebrenica, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon (dos à la caméra) se réunit avec des familles de victimes. Photo : ONU / Eskinder Debebe (archives)

Bosnie : la Russie bloque une résolution sur Srebrenica au Conseil de sécurité

Vingt ans après le génocide de Srebrenica en Bosnie, des responsables des Nations Unies ont rappelé mercredi, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, combien l'Organisation restait hantée par son incapacité à prévenir cette catastrophe et ont souligné la nécessité de continuer à en tirer les leçons.

En juillet 1995, plus de 8.000 hommes et adolescents musulmans bosniaques ont été assassinés par des unités de l'Armée de la République serbe de Bosnie sous le commandement du général Ratko Mladic.

Mercredi, un projet de résolution présenté par le Royaume-Uni condamnant « le crime de génocide commis à Srebrenica » a été rejeté par le Conseil en raison du veto de la Russie. Selon la presse, la Russie a estimé que ce texte accusait de manière injuste les Serbes de Bosnie et a rejeté cette qualification de génocide.

« Le génocide à Srebrenica a été l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire récente », a rappelé le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, devant les membres du Conseil avant le vote sur le projet de résolution. Il a ajouté qu'il allait se rendre dans quelques jours en Bosnie pour représenter les Nations Unies, au nom du Secrétaire général, à une cérémonie en l'honneur des victimes.

« Aujourd'hui, nous nous réunissons ici à New York pour rendre hommage à toutes les victimes et partager le chagrin des familles et des communautés affectées. Nous sommes rassemblés, humbles et plein de regrets, pour reconnaître l'échec des Nations Unies et de la communauté internationale à prévenir cette tragédie », a-t-il ajouté.

Le Vice-Secrétaire général a souligné que cette réunion du Conseil devait aussi servir à proclamer la détermination de l'ONU à tirer les leçons de ces jours de juillet 1995 pour « nous aider à détecter plus tôt les dangers ». « Nous devons construire une Organisation mieux équipée pour éviter que de tels crimes et atrocités ne se reproduisent ».

Il a rappelé que des mesures avaient été prises par l'ONU en ce sens. « Les Casques bleus disposent désormais régulièrement de mandats robustes pour protéger les civils. Ils sont souvent autorisés à utiliser tous les moyens nécessaires pour défendre les populations », a souligné M. Eliasson. Il a toutefois noté que les Casques bleus restaient confrontés à de nombreux défis similaires à ceux qui ont pesé sur les Nations Unies à Srebrenica, notamment les divisions entre les Etats membres et un manque de soutien politique et matériel.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a regretté de son côté que, dans les années qui ont suivi Srebrenica, « alors que nombre d'entre nous avons été hantés par ces événements, il n'y a jamais eu de discussion adéquate à leur sujet à l'ONU, au-delà d'un débat superficiel à l'Assemblée générale en 1999 ».

« Srebrenica a été une catastrophe pour ses habitants et les réfugiés qui y avaient trouvé refuge le 11 juillet 1995, et aussi pour la population de Bosnie-Herzégovine et pour l'ONU », a ajouté M. Zeid. « C'est un traumatisme dont nous pouvons tirer des leçons, avec un grand remord. Pour beaucoup d'entre nous qui ont servi au sein de l'ONU dans l'ex-Yougoslavie à cette époque, Srebrenica restera pour de nombreuses années, un souvenir déchirant ».

M. Zeid a servi en Bosnie, de 1994 à 1996, comme spécialiste des affaires politiques à la Force de protection des Nations Unies (FORPRONU), en ex-Yougoslavie.