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Le chef des droits de l'homme de l'ONU inquiet de la situation au Burundi et de la crise des migrants

Des migrants dans un centre de détention à Zawiya, en Libye (avril 2015). Photo : IRIN/Mathieu Galtier
Des migrants dans un centre de détention à Zawiya, en Libye (avril 2015). Photo : IRIN/Mathieu Galtier

Le chef des droits de l'homme de l'ONU inquiet de la situation au Burundi et de la crise des migrants

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a fait le point mardi sur quelques-unes des principales crises des droits de l'homme actuelles, notamment les violences au Burundi et le trafic de migrants en Europe et en Asie du Sud-Est.

Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'homme de l'Organisation à Genève, en Suisse, le Haut-Commissaire a commencé par tirer les constats de sa récente visite au Burundi.

« Lors de ma mission au Burundi le mois dernier, j'ai été alarmé par la violence de la milice Imbonerakure, l'un des principaux soutiens au gouvernement du Président Nkurunziza, et par les harcèlements politiques, les menaces et les discours de haine », a déploré M. Zeid.

Le Burundi est en proie à une vague d'agitation depuis le 26 avril, date à laquelle le parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie–forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), a décidé d'investir le Président Pierre Nkurunziza comme candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans le pays le 26 juin prochain.

L'opposition burundaise, estimant qu'une troisième candidature du Président sortant est anticonstitutionnelle, a appelé à manifester contre cette nomination, provoquant une vague de violence et de répression de la part des autorités contre les manifestants.

Dans ce contexte de crise politique, un général de l'armée burundaise a annoncé mercredi 13 mai la destitution du Président Nkurunziza, ce que la Présidence a immédiatement démenti. Quelques jours après cette tentative de coup d'Etat avortée, samedi 23 mai, le chef de file d'un parti burundais de l'opposition, Zedi Feruzi, et son garde du corps ont été assassinés dans la capitale Bujumbura.

« La tentative de coup d'Etat du 13 mai et l'assassinat du leader de l'opposition Zedi Feruzi samedi ont contribué à la montée des tensions », a déploré M. Zeid, précisant que de nombreux responsables politiques de l'opposition, journalistes, défenseurs des droits humains et bien d'autres encore craignent désormais pour leur vie.

« Quand j'ai quitté le Burundi, le 15 avril, 6.000 Burundais avaient fui le pays en raison de la peur suscitée par la violence politique et les intimidations. Cinq semaines plus tard, ce nombre a atteint 110.000 personnes effrayées », a-t-il ajouté, exhortant le Conseil et la communauté internationale à mettre fin à cette vague de violence.

Le Haut-Commissaire s'est par ailleurs dit catastrophé par les récentes tragédies survenues en mer Méditerranée.

« À ce jour, plus de 1.800 personnes sont mortes en mer cette année, et 7.000 autres personnes ont été secourues durant les trois premiers jours du mois », a déploré M. Zeid, ajoutant qu'il s'agissait pour la plupart de ressortissants syriens, érythréens et libyens fuyant les conflits, la répression et les violations des droits de l'homme dans leurs pays d'origine.

Face à cet afflux, le Haut-Commissaire a condamné l'attitude de l'Union européenne (UE) pour sa gestion de la crise centrée de manière « disproportionnée » sur la répression à l'encontre des trafiquants, au détriment du respect des droits des migrants.

« L'agenda européen propose également des quotas pour la réinstallation de 20.000 réfugiés dans l'UE. Ce faible nombre de places est totalement inadapté à l'ampleur de cette crise », a-t-il ajouté, exhortant le continent à élargir ces quotas et à agir sur les causes profondes forçant les migrants à accomplir ces traversées au péril de leur vie.

M. Zeid a exprimé des préoccupations similaires face à la crise actuelle des migrants en Asie du Sud-Est.

« Durant le premier trimestre de cette année, 25.000 personnes ont pris la mer en provenance du Myanmar et du Bangladesh – certaines fuyant les persécutions au Myanmar, d'autres fuyant la pauvreté dont elles sont victimes dans les deux pays », a déclaré le Haut-Commissaire, ajoutant qu'au moins 1.050 d'entre elles ont péri en mer et que les survivants ont subi des mauvais traitements et des vols de la part des trafiquants.

« Environ 2.000 personnes ont réussi à débarquer à terre ; mais des milliers seraient encore en mer à l'heure où nous parlons », a-t-il dit.

Si M. Zeid a salué les ressources allouées par la Malaisie et l'Indonésie dans le cadre d'opérations de sauvetage, il a cependant demandé aux pays de la région de s'efforcer de régler collectivement cette question, dans le respect des droits humains des migrants.

Le Haut-Commissaire a également appelé le Myanmar à mettre fin à la répression à l'encontre de la minorité musulmane des Rohingyas, l'une des principales causes de ces migrations en mer dans la région.