L'actualité mondiale Un regard humain

Yémen : l'ONU déplore la reprise des combats et appelle à reconduire la trêve

Un convoi d'aide du HCR au Yémen. Photo HCR
Un convoi d'aide du HCR au Yémen. Photo HCR

Yémen : l'ONU déplore la reprise des combats et appelle à reconduire la trêve

Bien que la récente trêve humanitaire de cinq jours ait permis d'acheminer de l'aide au Yémen, la trêve n'a pas été assez longue pour atteindre tous ceux qui ont urgemment besoin d'assistance et vivent dans des conditions désastreuses, a déclaré mardi le Programme alimentaire mondial (PAM).

« C'était une véritable course contre la montre, et la situation volatile sur le terrain durant cette courte fenêtre de tir nous a permis d'atteindre seulement la moitié de notre objectif », a déclaré la Représentante du PAM au Népal, Purnima Kashap, dans un communiqué de presse.

La trêve majoritairement observée dans le pays du 12 au 17 mai a contribué à l'ouverture des voies d'approvisionnement, autorisant le PAM à expédier des vivres pour plus de 400.000 personnes.

Si l'agence a réussi à atteindre des zones précédemment inaccessibles, elle n'a cependant atteint que la moitié des 738.000 personnes qu'elle espérait toucher.

« Nous sommes inquiets pour les familles que nous n'avons pas pu atteindre. Nous avons besoin de pauses prévues à l'avance afin de nous coordonner avec nos partenaires sur le terrain pour acheminer les vivres et atteindre un maximum de personnes », a ajouté Mme Kashap, précisant que les transporteurs du PAM étaient réticents à envoyer leurs camions là où les combats et les bombardements continuaient.

En effet, a-t-elle précisé, bien que le cessez-le-feu ait été largement respecté dans le centre et le nord du pays, des affrontements ont persisté dans le Sud ainsi qu'à Saada, dans le nord, rendant certains districts, où les besoins sont les plus urgents, complètement hors d'atteinte.

« Alors que le temps passe sans que nous arrivions à atteindre les personnes dans les zones sensibles, leur situation ne fera qu'empirer et les besoins augmenteront », a ajouté la Représentante du PAM.

Selon l'agence onusienne, près de la moitié de la population du Yémen, soit 10 millions de personnes, était en déjà en situation d'insécurité alimentaire avant même l'éclatement du conflit dans le pays, qui importe environ 90% de ses vivres de l'étranger. Depuis le 15 avril, au moment où le conflit a commencé, le PAM a fourni une aide alimentaire d'urgence à plus de 1,7 million de personnes, dont près de deux tiers d'entre eux étaient des femmes et des enfants de moins de cinq ans.

Faisant écho aux préoccupations du PAM, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a également déploré mardi la fin de la pause au Yémen.

« Il est regrettable que les parties aient repris les combats après cinq jours d'une trêve humanitaire qui a pris fin hier », a déclaré dans une conférence de presse M. Ban, actuellement en visite en République de Corée.

« J'exhorte les parties à répondre aux problèmes actuels par le dialogue politique », a ajouté le Secrétaire général, réaffirmant son souhait de convoquer à Genève un dialogue politique avec toutes les parties dans les plus brefs délais.

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est félicité de l'aide apportée durant la trêve, au moyen de six avions transportant du matériel d'urgence affrétés par l'agence.

« Nos six avions apportant de l'aide en provenance de Dubaï ont tous pu atterrir en toute sécurité dans [la capitale] Sanaa. Dix camions ont ensuite transporté l'aide de Sanaa à Aden avec succès – même si le voyage a duré trois jours au lieu d'un en raison de retards aux postes de contrôle et de combats localisés », a déclaré Adrian Edwards, un porte-parole du HCR, lors d'une conférence de presse à Genève.

Si le les stocks de matériel de secours sont désormais trois fois plus élevés au Yémen qu'avant la trêve, le porte-parole a cependant signalé combien la situation des populations restait difficile sur le terrain.

« Entre les points de contrôle, l'insécurité et les prix élevés des transports, se déplacer reste difficile. L'accès aux soins de santé de base est trop éloigné pour beaucoup et le transport trop coûteux. Nous avons trouvé des dizaines d'enfants mal nourris, alors que l'accumulation des ordures fait empirer la situation, suscitant des craintes de propagation de maladies », a ajouté M. Edwards.