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Yémen: l'ONU réclame des enquêtes sur les pertes civiles

La violence croissante au Yémen se répercute de manière intolérable sur les enfants. Photo : UNICEF Yémen
La violence croissante au Yémen se répercute de manière intolérable sur les enfants. Photo : UNICEF Yémen

Yémen: l'ONU réclame des enquêtes sur les pertes civiles

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a rappelé mardi à toutes les parties yéménites leur obligation de procéder rapidement à des enquêtes sur les attaques entrainant des victimes civiles, en vertu du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire.

Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH), en plus de centaines de combattants, au moins 364 civils ont perdu la vie depuis le 26 mars dernier au Yémen, parmi lesquels au moins 84 enfants et 25 femmes. Environ 681 civils ont également été blessés. Des dizaines de bâtiments publics, dont des hôpitaux, des écoles, des aéroports et des mosquées ont été détruits lors de frappes aériennes, de bombardements et d'autres attaques. La semaine passée, les combats de rue se sont intensifiés dans des zones densément peuplées, en particulier à Aden, entre des groupes armés affiliés au Président Abd Rabbo Mansour Hadi et des groupes armés affiliés aux Houtis et à l'ancien Président Ali Abdullah Saleh. Il y a également eu des rapports faisant état du recrutement d'enfants pour combattre à Aden, Dhale et Mareb.

« Toutes les heures, nous recevons et documentons des rapports profondément dérangeants et navrants sur l'impact de ce conflit sur les vies et les infrastructures civiles », a averti le Haut-Commissaire dans un communiqué de presse rendu public à Genève.

« Le lourd bilan de civils tués devrait clairement indiquer à toutes les parties de ce conflit qu'il pourrait y avoir de graves problèmes dans la conduite des hostilités. Les parties au conflit doivent s'assurer que le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme sont scrupuleusement respectés et que la population civile est respectée. Toute atteinte présumée au droit international doit faire l'objet, de toute urgence, d'une enquête afin de garantir le droit des victimes à la justice et aux réparations et s'assurer que de tels incidents ne se reproduiront pas », a-t-il ajouté.

Zeid Ra'ad Al Hussein a par ailleurs insisté sur le fait que les parties au conflit devraient prendre toutes les mesures possibles pour éviter de localiser des objectifs militaires dans des zones résidentielles peuplées et faire le maximum pour garantir que les civils et les biens de caractère civil sont protégés des dangers émanant des opérations militaires.

Selon le HCDH, au cours des derniers jours, plusieurs frappes aériennes par des forces de la coalition ont frappé des zones résidentielles et des maisons de civils à Amran, Taiz, Ibb, Aljawf et Sa'da. Samedi 11 avril, une frappe aérienne, qui aurait visé une base militaire voisine située à Taiz, a frappé une zone résidentielle localisée à 500 mètres environ, tuant dix civils et en blessant sept autres.

« Toutes ces attaques doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et transparente par les forces de la coalition », a insisté M. Zeid, ajoutant que les hôpitaux et les ambulances doivent être protégés contre les attaques et doivent pouvoir fonctionner en tout temps.

« Des attaques intentionnelles contre des hôpitaux ou des ambulances utilisés à des seules fins médicales constitueraient un crime de guerre », a-t-il ajouté.

Le Haut-Commissaire a également prévenu que le fait de viser directement des civils ne prenant pas directement part aux combats constituerait aussi un crime de guerre, faisant notamment référence à des rapports inquiétants sur le meurtre de civils par des tireurs embusqués situés sur des toits à Dhale ainsi que sur des arrestations arbitraires, des tirs indiscriminés sur des manifestants et des attaques contre des locaux d'organes de presse par des forces affiliées aux Houtis.

« La majeure partie du pays souffre aujourd'hui des effets du conflit armé et la situation est particulièrement désastreuse à Sana'a, Aden, Dhale, Sa'da, Hudayda, Lahj, Ibb, Taiz, Amran et Hajjah. La situation humanitaire est épouvantable, aggravée par une violence aveugle, par l'anarchie et par de graves violations des droits de l'homme », a déploré le Haut-Commissaire.

« Le peuple du Yémen n'a déjà que trop souffert et il va déjà falloir des années, voire des décennies, pour contrer les effets calamiteux du conflit », a conclu M. Zeid, exhortant toutes les parties à négocier une fin rapide à l'effusion de sang et aux destructions au Yémen.